jeudi 31 mai 2018

INVITACIÓN ANIVERSARIO PCCH ☭


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INVITACIÓN ANIVERSARIO PCCH ☭
PARIS FRANCE

I n v i t a c i ó n

Tenemos el agrado de invitarle a usted y familia a compartir un momento de camaradería con motivo de los 106 años de la fundación de Partido Comunista de Chile (PCCh).

Precedido por una alocución de bienvenida y evocación de la vida del PCCh y de sus militantes, mucho de los cuales entregaron su vida en la lucha por la democracia y contra la dictadura, un asado a la chilena completará la actividad.

El evento tendrá lugar el domingo 17 de junio 2018 a las 13 horas en la sede de la sección del PCF de Fontenay, 30 avenue Victor Hugo, 94120 Fontenay-sous-Bois.

Sería muy grato contar con su presencia.
Fraternalmente,

Paris Mayo 2018

Coordinador PCCh en Francia
PCCH
PAF 10 € - Favor confirmar su presencia a más tardar el viernes 15/06/ 2018 por correo  electrónico: el siglo    elsiglofr@gmail.com  

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mercredi 30 mai 2018

JOSEPH PÉREZ LIBÈRE L’ANDALOUSIE DE SES CLICHÉS


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« LA BATAILLE DE HIGUERUELA » (1431, DURANT LA RECONQUÊTE),
FRESQUE ANONYME DU XVIE SIÈCLE, À L’ESCURIAL.
PHOTO GILLES MERMET/AKG-IMAGES 
L’historien rétablit dans sa complexité le devenir tumultueux de la province espagnole, du califat à l’Europe, du folklore à l’entrée dans la modernité.
COUVERTURE D'ANDALOUSIE.
VÉRITÉS ET LÉGENDES,
Hispaniste de renom, ancien directeur de la Casa de Velazquez, Joseph Pérez présente ici l’histoire de l’Andalousie en trois gros chapitres dont chacun est assigné à une ville : Grenade, Séville, Cordoue, dans cet ordre. Séville, au centre, est à part. Ouverte sur l’océan et les Amériques, elle est moins attachée au passé arabe, qui lie au contraire Grenade et Cordoue. Mais, très finement, Joseph Pérez distingue aussi l’écho de chacune de ces deux villes dans la mémoire espagnole.

Grenade d’abord, conquise en 1492 par une Espagne triomphante après 800 ans de présence musulmane en Andalousie, divisée en trois épisodes : le califat des Omeyyades de Cordoue (VIIIe-XIe siècle), les dynasties berbères des Almoravides et des Almohades, qui perdent la guerre de ­Reconquête (XIIe-XIIIe siècle) ; enfin, le petit émirat de Grenade, qui construit l’Alhambra (XIIIe-XVe siècle).

Le christianisme ibérique, victorieux et militant, et que l’on imagine souvent figé dans l’hostilité à l’égard de cette période, invente alors, en réalité, la maurophilie, cette sorte de sympathie un peu condescendante du vainqueur pour le vaincu musulman. C’est cette maurophilie du Romancero (l’ensemble des ballades de la Reconquête), reprise à la fin du XVIe siècle dans Les Guerres civiles de Grenade, de Gines Perez de Hita (vers 1544-vers 1619), qui est sans doute la marque la plus ancienne du mythe doré du « vivre ensemble » andalou. La prise de Grenade y est un roman de chevalerie, où tous les rôles sont nobles et où tous finissent par se réconcilier dans la douceur du christianisme.

La quintessence de l’Espagne

Mais l’euphorie ne dure que le temps d’un Siècle d’or. La magnanimité du christianisme se brise sur la résistance des morisques, musulmans mal convertis, qu’on finit par expulser (1609-1613). L’Espagne perd la guerre de Trente Ans (1618-1648) et quitte le centre du monde. Elle avait nourri les rêves de l’Europe, et en particulier de la France de la première moitié du XVIIe siècle – qu’on songe au Cid. Elle ne rencontre plus, au XVIIIe siècle, que la commisération et le mépris.

Après Grenade et la maurophilie, c’est le temps de Séville : après 1770 s’y noue le complexe de la réaction espagnole face à l’hostilité des Lumières. L’Espagne rejette alors l’Europe qui la rejette, et se couvre des oripeaux volontairement réactionnaires et provocateurs d’un folklore qui l’identifiera jusqu’à nos jours : la corrida, la marginalité gitane et le flamenco…

L’Espagne s’espagnolise. L’Andalousie, arriérée, sale et belle, en devient la quintessence. Comme le note ­justement Joseph Pérez, jamais ­Cadix, la cité la plus moderne et la plus libérale de la région, n’entrera dans la triade magique – Grenade d’abord et avant tout, puis Séville et Cordoue – à laquelle le voyageur européen se doit de rendre hommage quand il visite le pays.

Vient enfin, aux XIXe et XXe siècles, avec la perte de l’empire américain (entre 1810 et 1898) et le repli péninsulaire, le temps de la reconstruction d’une nation et de la réflexion historienne. Et d’abord sur la séquence la plus longue du passé de la péninsule, l’époque des Arabes et de la Reconquête. C’est le troisième temps, celui de Cordoue, nous dit Joseph Pérez, le temps de l’examen passionné, conflictuel, de la place de l’islam dans l’idiosyncrasie espagnole.

Les Arabes d’Espagne étaient-ils des Espagnols convertis, dont on pourrait distinguer les traits nationaux sous le masque de la langue arabe et de la religion musulmane ? Qu’en fut-il de la « tolérance » andalouse, du raffinement supposément pacifique de cette civilisation ? L’auteur réussit ici une remarquable synthèse, qui reconnaît les splendeurs mais nuance très largement les mérites mythiques, en matière de coexistence des religions, du califat de Cordoue.

Un étrange apaisement

« NAISSANCE DE CARMEN »
(1999, NON TRADUIT) 
Et pour finir, après deux siècles d’orage espagnol où ce passé andalou aura lourdement pesé, un étrange apaisement. Durant les deux décennies qui ont suivi la fin du franquisme, cette Andalousie si « différente », si puissamment archaïque, se révèle aussi européenne que le regard étranger pouvait le souhaiter – ou le craindre. En écho à la « Naissance de Carmen » (1999, non traduit) du bel hispaniste que fut Carlos Serrano (1943-2001), Joseph Pérez conclut, non sans raison semble-t-il, à la mort de Carmen, c’est-à-dire de la trilogie passéiste de la corrida, du flamenco et du folklore gitan.

Il fallait toute la maîtrise d’un excellent connaisseur de l’Espagne dans la totalité de son histoire pour résumer en 250 pages aussi pertinentes des problèmes d’une telle complexité.

EXTRAIT
« On présente volontiers l’Espagne musulmane comme un pays où les trois religions monothéistes (…) auraient vécu en bonne intelligence. Il est vrai qu’en terre d’islam le pacte dit de la dhimma prévoit des dispositions particulières pour les “gens du Livre” : juifs et chrétiens bénéficient d’un statut ; ils sont “protégés” ; on ne les force pas à se convertir. Cela ne veut pas dire qu’ils sont placés sur un pied d’égalité avec les musulmans. Ils sont soumis à des discriminations fiscales, civiles et juridiques (…) ; ils doivent habiter dans des quartiers clos, n’utiliser comme montures que des ânes, avoir des maisons plus basses que celles des musulmans, s’écarter devant eux dans la rue ; devant les tribunaux, leur témoignage est nul et non avenu… » Page 122

lundi 28 mai 2018

VÉNÉZUÉLA : QUAND « LE MONDE » FAIT SIENNES LES MANIPULATIONS DU COMMANDANT SAÚL


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VENEZUELA : QUAND « LE MONDE » FAIT SIENNES
LES MANIPULATIONS DU COMMANDANT SAÚL
Le journaliste Maurice Lemoine s’adresse au médiateur du Monde pour une mise au point sur le traitement partial proposé par le «quotidien de référence » à ses lecteurs au sujet de la situation politique et économique au Venezuela.
Monsieur le médiateur,
UNE DU MONDE MAGAZINE N 15.
DU 25 DECEMBRE 2009.
Avez-vous conscience que votre quotidien accorde infiniment plus d’importance, en nombre de signes, d’articles, de pages (et de virulence) – examinez vos archives récentes, vous serez surpris du résultat ! –, à « la répression sans états d’âme » (28 mars) des étudiants et opposants vénézuéliens par le gouvernement de Nicolas Maduro qu’à (par exemple) la condamnation à mort, le 24 mars, de 529 partisans de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, pour des violences commises durant l’été 2013 ? C’est pourtant ce que tout lecteur du Monde, même moyennement attentif, peut constater. Curieuse disproportion...

« Cher Monsieur, au début des années 1970, en menant une campagne de haine et de mensonges, le quotidien chilien El Mercurio, a préparé l’opinion de ce pays au coup d’État qui, finalement, a bien eu lieu, le 11 septembre 1973, contre le président Salvador Allende. Par son actuelle ligne éditoriale, Le Monde s’inscrit désormais, à l’échelle internationale (et il n’est malheureusement pas le seul), dans cette « glorieuse tradition ». Si, demain, sous une forme ou sous une autre, le président Nicolas Maduro est « sorti » du pouvoir par des voies non constitutionnelles, le public français – ou, pour le moins, votre lectorat – n’y verra que du feu, votre version des faits ayant préalablement soigneusement préparé l’opinion à un tel dénouement.»

LE COLLABORATEUR PAULO A. PARANAGUA 
ALIAS « COMMANDANT SAÚL »
Que votre collaborateur Paulo A. Paranagua mène une croisade personnelle et haineuse contre la gauche latino-américaine – et en particulier celle qui gouverne à Caracas, au terme d’élections reconnues par la communauté internationale – est son droit le plus strict. Qu’il entraîne Le Monde – en témoigne votre éditorial « Les Vénézuéliens dans l’impasse du “chavisme” » (11 mars) – dans sa dérive obsessionnelle participe d’un pic de pollution médiatique particulièrement préoccupant.

Je ne reprendrai pas ici point par point la prose de votre « journaliste », tant il y faudrait de la place et du temps. Elle prête d’ailleurs parfois à sourire quand, par exemple, il présente l’opposant Teodoro Petkoff comme une « figure de la gauche » vénézuélienne : ministre du président néolibéral Rafael Caldera (1994-1999), celui-ci a été à l’époque l’architecte des politiques de privatisation et de démantèlement du système de sécurité sociale ! Sourire encore lorsqu’il s’enprend, régulièrement, aux excellentes relations du Parti des travailleurs (PT) et du pouvoir brésilien avec les gouvernements « socialisants » – rebaptisés par vos soins « populistes » – environnants : si je ne me trompe, ce n’est pas moi, mais bien Le Monde, qui a fait de Luiz Inacio Lula da Silva, en décembre 2009, « l’homme de l’année » (il est vrai qu’à l’époque, il fallait un « bon» chef d’État progressiste à opposer à Hugo Chávez, « le méchant ») ! Chávez disparu, la grande Internationale conservatrice peut désormais s’en prendre à la gauche modérée (qui, je le précise, et pas plus que ses homologues se revendiquant du « socialisme du XXIe siècle », n’est exempte de critiques, cela va de soi). Mais le problème n’est pas là... Il réside dans une manipulation grossière de l’information, destinée à transmettre une image désastreuse des pays de la région qui, tout en mettant en œuvre des politiques sociales et en réduisant considérablement la pauvreté, ne se soumettent ni aux dogmes néolibéraux ni aux desiderata des États-Unis, de l’Union européenne et de leur excroissance mutuelle, l’OTAN. Il réside, sous couvert de soutien au centre gauche, d’appuyer en sous-main la droite (ce qui, en démocratie, n’a rien de honteux), la droite radicale (ce qui est déjà plus problématique) et même l’extrême droite (ce qui est proprement scandaleux).

Le Venezuela connaît des difficultés économiques réelles – inflation de 56 % (plus de 1000 % en 1996 !, soit dit en passant), insécurité et pénuries (démultipliées par un sabotage économique bien réel lui aussi, bien qu’occulté par votre quotidien). Depuis début février, le président Nicolas Maduro fait face à de violentes manifestations « d’opposants et d’étudiants » « durement réprimées » (vos éditions des 3, 16 et 17 avril, pour ne citer qu’elles). De fait, dans un contexte de violence qui, à l’heure où j’écris, a malheureusement fait quarante et une victimes, on notera que, au 31 mars, la justice vénézuélienne avait déjà ouvert 81 enquêtes concernant les excès des forces de l’ordre – 75 pour mauvais traitements, 2 pour torture et 4 pour assassinats –, dix-sept agents étant détenus. Toutefois, un journaliste professionnel digne de ce nom attirerait également l’attention sur le fait que sept des victimes sont des gardes nationaux (l’équivalent de nos CRS) ou des policiers (la majorité tués par balles) ; que huit des civils décédés ont été atteintspar des tirs de l’opposition, alors qu’ils contestaient, fuyaient ou tentaient de déblayer les barricades ; que six doivent leur mort aux obstacles ou aux fils de fer barbelés tendus dans les rues par les groupes de choc de ce qu’un témoin objectif qualifierait de « guérilla urbaine », etc, etc. Quand le diable se cache dans les détails, mieux vaut évacuer les détails, estime sans doute Paulo A. Paranagua...

Mais vos lecteurs sont trompés.

« Aucun manifestant n’a été arrêté avec une arme de poing », peut-on lire sous la plume de cet « envoyé très spécial » (3 avril)... Les agents des forces de l’ordre tués par balles l’ont donc vraisemblablement été avec des fusils de bois, des pistolets à eau ou à bouchons ! D’ailleurs, l’affirmation s’est révélée quelque peu prématurée : détenu alors qui dirigeait les « guarimbas » à San Cristobal, « épicentre des manifestations », Gabriel Alejandro Reyes est sous le coup d’un mandat d’arrêt d’Interpol pour... narcotrafic. Curieux étudiant ! Mais pourquoi Le Monde devrait-il mentionner les liens entretenus par certains des manifestants de cet État du Tachira avec les paramilitaires colombiens ? Ou même la présence de délinquants, rémunérés, au cœur des manifestations ?

Je me permets d’insister : est-il tout à fait secondaire que l’une des figures de proue de ce mouvement « pacifique » et « démocratique » que vous soutenez ostensiblement, le dirigeant étudiant Laurent Saleh (bien qu’il ait terminé ses études depuis longtemps !), ait assisté, le 6 juillet 2013, à Bogotá, en tant que représentant de l’ « opposition vénézuélienne », à une réunion politique organisée par un mouvement fascisant, l’Alliance nationaliste pour la liberté, en présence de Diego Cubillos, comandante de Troisième force, une organisation néo-nazie opérant dans la capitale et d’autres grandes villes de Colombie ? Comme l’a rapporté l’un de vos confrères d’El Espectador (21 juillet 2013), Saleh a déclaré à cette occasion : « Je viens vous dire que nous avons besoin de votre appui et que vous avez le nôtre ». Vous l’ignoriez ? Cela ne me surprend pas, si vous ne lisez que la prose de Paulo A. Paranagua ! Sa priorité réside dans la criminalisation des organisations populaires vénézuéliennes, en reprenant la propagande de l’extrême droite sur les fameux « collectifs » chavistes qui sèment la terreur en touteimpunité (on prétendait la même chose des « cercles bolivariens », avant avril 2002, pour justifier le coup d’État en gestation).

Puisque j’ai rapidement évoqué la Colombie, permettez-moi une digression (les vacances de Pâques nous accordent un peu de temps !). Ne serait-il pas possible que Marie Delcas, votre correspondante à Bogotá, s’intéresse d’un peu plus près aux événements se déroulant dans ce pays ? On la sent certes passionnée par ce qui se passe de l’autre côté de la frontière : « Au Venezuela, pénurie et petits trafics en série » (12 mars) ; « Nicolas Maduro ne cesse de conforter l’emprise des militaires sur le Venezuela  » (25 février) ; « Au Venezuela, les municipales deviennent un plébiscite » (7 décembre 2013) ; « Nicolas Maduro mobilise l’armée contre l’inflation » (14 novembre 2013 ; « Le Venezuela empoisonné par l’insécurité » (2 avril 2013) – j’en passe, et des meilleurs (façon de parler !), sans toutefois oublier « Les dessous chics de la révolution bolivarienne » (29 mai 2009) ou « Démocratie participative à la Chávez » (20 avril 2007). Curiosité fort légitime, lorsqu’on a compris la priorité qu’accorde Le Monde à la stigmatisation de la « révolution bolivarienne » (bien que Delcas se montre moins caricaturale que Paranagua, ce qui, entre nous, n’est pas trop compliqué). Mais, à trop baguenauder dans le pays voisin, votre correspondante en oublie ce qu’un naïf pourrait considérer comme sa priorité : informer sur la Colombie. Certes, cette terre infiniment moins violente que le Venezuela « populiste » !!! ne mérite guère qu’on s’attarde sur elle, mais je n’en note pas moins que jamais vos lecteurs n’ont été informés, par un article détaillé ou une enquête fouillée, sans même demander qu’elle soit exhaustive, sur :

1) la découverte à La Macarena, en décembre 2009, d’une fosse commune contenant les corps de 1500 à 2000 paysans, syndicalistes, militants, opposants politiques assassinés par les paramilitaires et une unité d’élite de l’armée (imaginez une seconde qu’on ait trouvé un tel charnier au Venezuela... vous auriez mobilisé toute la « une » et doublé votre pagination!) ;

2) le scandale de la parapolitique (liens d’environ un tiers des membres du Congrès avec les paramilitaires) ;

3) le scandale des « faux positifs » : exécutions extra-judiciaires de civils ultérieurement revêtus de tenues de combat pour les présenter comme des guérilleros éliminés lors d’affrontements armés (plus de 1300 victimes identifiées) ;

4) la condamnation (décembre 2012) à treize ans de prison, aux États- Unis, pour narcotrafic, du général Mauricio Santoyo, chef de la sécurité et homme de confiance du président Alvaro Uribe au palais de Nariño ;

5) l’assassinat de plus de trente militants de la Marche patriotique, depuis la naissance de ce mouvement social, en octobre 2012 ;

6) la récente affaire de corruption touchant l’armée (fausses factures, détournement de matériel, trafic d’armes se chiffrant en millions d’euros).

Par action ou par omission, en taisant tous ces événements (d’autres parleraient de crimes d’une extrême gravité), Le Monde donne un sacré coup de pouce à l’extrême droite colombienne. J’ose espérer qu’il s’agit-il là d’un effet secondaire non désiré... Mais, dans ces conditions, et puisque Marie Delcas est monopolisée par les avanies du sulfureux régime « chaviste », pourquoi ne nommeriez-vous pas un correspondant à Caracas, qui, lui, pourrait s’occuper des deux ou trois bricoles tout à fait anodines qui se déroulent en Colombie ?

En bref, et revenant au Venezuela...

– La Conférence des évêques vénézuéliens (largement citée dans votre édition du 17 avril) «dénonce la promotion d’un gouvernement de type totalitaire » : le 12 avril 2002, lors du coup d’État contre Hugo Chávez, c’est par un décret contresigné par la hiérarchie de l’Église catholique, représentée par le cardinal José Ignacio Velasco, que le patron des patrons Pedro Carmona s’est emparé (pour quelques heures) de tous les pouvoirs, a dissout les institutions démocratiques et a déchaîné la répression contre les dirigeants de la « révolution bolivarienne ». La formule « persiste et signe » m’aurait paru assez adéquate pour commenter l’attitude de cette noble institution.

– « Aux élections législatives de 2010, les opposants étaient majoritaires en voix, à défaut de l’être en nombre d’élus » (16 et 17 avril, Paranagua ayant une fâcheuse tendance à rabâcher) : ici, la réalité est « trafiquée ». Le 26 septembre 2010, avec un taux de participation élevé (66,45 %), les candidats du Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) ont rassemblé 5 399 574 voix contre 5 312 293 pour l’opposition (Plateforme d’unité démocratique ; MUD), soit 46,23 % des suffrages exprimés contre 45,48 %. L’ « arnaque » de la droite, reprise par votre employé, a été de s’attribuer le chiffre farfelu de 52% des suffrages en rajoutant à ses voix celles du parti Patrie pour tous (PPT), une formation de gauche critique (mais qui ne s’est jamais revendiquée de droite !) – qui, depuis, a d’ailleurs rejoint le camp chaviste.

Par ailleurs, quitte à évoquer les rendez-vous électoraux, pourquoi ne pas mentionner les deux derniers résultats (hors présidentielles) qui, lors des régionales du 16 décembre 2012, ont vu le PSUV triompher dans vingt des vingt- trois États du pays et, à l’occasion des municipales du 8 décembre 2013 – que l’opposition prétendait transformer en plébiscite –, remporter, avec ses alliés du Grand pôle patriotique (GPP), 76,42 % des municipalités, avec 54 % des voix contre 44 % (dix points d’écart) à l’opposition ?

« Maria Corina Machado, l’étoile montante de l’opposition (a été) déchue de son mandat de député pour avoir dénoncé les violations des droits de l’homme devant l’Organisation des États américains (OEA) à Washington » (16 avril) : on pourrait – on devrait ! – raconter l’histoire autrement... Le 21 mars, si M.C. Machado a pu s’exprimer devant le Conseil permanent de l’OEA – qui, réticent, n’a accepté de l’écouter qu’à huis clos – pour dénoncer son gouvernement et exprimer son soutien aux violences de l’opposition, c’est parce que le Panamá, aligné sur Washington et très hostile à Caracas, l’a accréditée en tant que représentante (une charge d’ambassadrice auxiliaire !) de la délégation du Panamá. Dès lors, la députée a violé l’article 149 de la Constitution vénézuélienne qui stipule : « Les fonctionnaires publics ne peuvent accepter de charges, d’honneurs ou de récompenses de gouvernements étrangers sans l’autorisation de l’Assemblée nationale. » La Constitution, vous avez dit la Constitution ? Oui, cela existe aussi au Venezuela.

« Maria Corina Machado (...), comme d’autres opposants (entre autres Leopoldo López) était partisane de reprendre la rue aux chavistes sans attendre les législatives de 2015. Leur idée ? Pousser dans les cordes M. Maduro, favoriser une “issue pacifique et constitutionnelle” : un mensonge de la taille du soleil ! En dirigeants de la droite « radicale » ayant personnellement participé à la tentative de coup d’État de 2002, Leopoldo López, Antonio Ledezma et María Corina Machado ont annoncé vouloir provoquer « le naufrage du régime ». Dès lors, c’est avec un slogan particulièrement explicite – « la salida » (« la sortie ») – que l’un et l’autre, cherchant à provoquer un chaos débouchant sur la démission du président Maduro, ont appelé à l’insurrection – laquelle, à Caracas, Paranagua oublie ce détail, se cantonne aux beaux quartiers (qui, d’ailleurs, commencent à sérieusement s’en fatiguer). Même si cela ne transpire pas dans vos derniers articles, sous l’égide de l’Union des nations sud-américaines (Unasur), une partie de la droite vénézuélienne négocie actuellement une (difficile) sortie de crise avec le gouvernement et a même, trahissant Paranagua et les siens, « condamné explicitement et clairement toute forme de violence », comme l’a déclaré, ce 17 avril, le ministre des Affaires étrangères équatorien, Ricardo Patiño.

Avant de terminer, car il ne serait pas raisonnable de reprendre toutes les manipulations relevées dans vos colonnes – le Venezuela n’étant pas seul concerné –, permettez moi de mentionner un point non dépourvu de signification.

Dans tous ses articles, je dis bien TOUS ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’État à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. À défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Néanmoins, cette dernière démarche amène une réflexion. Puisqu’il se plaît à figer, selon son bon vouloir, tel ou tel dans son passé lointain, pourquoi votre collaborateur ne s’appliquerait-t-il pas cette règle à lui-même ? Ainsi, au nom de Paulo A. Paranagua, journaliste, pourrait-il substituer la mention comandante Saúl, pseudonyme qu’il utilisait au sein de l’organisation armée Parti révolutionnaire des travailleurs - Fraction rouge (PRT-FR) lorsque, le 21 mai 1975, en Argentine, il fut arrêté, après une série d’actions que, par pudeur et omettant de les détailler, nous qualifierons de particulièrement musclées [1]. Très chanceux – et il y a lieu de s’en féliciter sans aucune arrière-pensée –, Paranagua, en pleine dictature, bénéficia d’un non-lieu et sortit de prison en 1977. Comme Chávez – « le lieutenant-colonel » – et Cabello – « le capitaine » – , qu’il semble tant mépriser, l’ont fait en 1994, dans d’autres circonstances, à leur tour amnistiés.

Cher Monsieur, au début des années 1970, en menant une campagne de haine et de mensonges, le quotidien chilien El Mercurio, a préparé l’opinion de ce pays au coup d’État qui, finalement, a bien eu lieu, le 11 septembre 1973, contre le président Salvador Allende. Par son actuelle ligne éditoriale, Le Monde s’inscrit désormais, à l’échelle internationale (et il n’est malheureusement pas le seul), dans cette « glorieuse tradition ». Si, demain, sous une forme ou sous une autre, le président Nicolas Maduro est « sorti » du pouvoir par des voies non constitutionnelles, le public français – ou, pour le moins, votre lectorat – n’y verra que du feu, votre version des faits ayant préalablement soigneusement préparé l’opinion à un tel dénouement.

Je vous prie d’agréer, monsieur le médiateur, l’expression de mes sentiments atterrés, attristés – car c’est tout de même du Monde dont il s’agit – , mais aussi excédés.

Maurice Lemoine *
* Abonné parisien, auteur de Chávez presidente (Flammarion) et Sur les eaux
noires du fleuve (Don Quichotte).

NOTES
[1] « La policía desbarató una vasta organización subversiva que respondía a instrucciones de la Cuarta Internacional », La Razón, Buenos Aires, 22 mai 1975.

MARÉE POPULAIRE : LES CHIFFRES BIAISÉS DE FRANCE 2 SUR « L’ÉCHEC » DE LA MOBILISATION


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LE CORTÈGE DE LA "MARÉE POPULAIRE", LE 26 MAI 2018 À PARIS.
PHOTO NATHANEL CHARBONNIER 
Samedi 26 mai [2018], près de 190 cortèges ont défilé dans toute la France à l’occasion de la « marée populaire » contre la politique du gouvernement Macron. Le soir même, le JT de France 2 fait le constat d’un « échec » de ces manifestations. Les journalistes de la chaîne publique reprennent une information ressassée par éditorialistes et « experts » dans de nombreux grands médias : la mobilisation serait en baisse depuis la précédente manifestation du 5 mai. Qu’en est-il vraiment?
par Frédéric Lemaire
EMMANUEL MACRON ET EDOUARD PHILIPPE, PREMIÈRES
CIBLES DES MANIFESTANTS DE LA « MARÉE POPULAIRE » À CAEN
PHOTO CG
Le soir du samedi 26 mai, Laurent Delahousse fait mine de s’interroger sur la mobilisation en ouverture du JT de France 2 : « déception, demi-succès ou demi-échec ? » Or la réponse est inscrite en image, avec un bandeau qui barre l’écran en lettres capitales : « Manifestations : mobilisation en baisse ».

CAPTURE D'ÉCRAN
Le reportage dans la manifestation est à l’avenant : les manifestants « espéraient une marée populaire ». Mais la voix-off douche leurs espoirs : « ils étaient 31700 dans les rues de la capitale, soit 7000 de moins que pour la précédente journée de mobilisation contre le gouvernement. » La mobilisation serait donc « plus faible ». Le sujet évoque toutefois 190 cortèges dans toute la France, mais sans citer les chiffres nationaux de participation.

« Alors, essoufflement ou pas de la mobilisation contre la politique d’Emmanuel Macron ? » Laurent Delahousse interroge Hélène Hug, présente devant une place de la Bastille vide (évidemment, puisqu’il est 20h). La journaliste politique de la rédaction de France 2 est catégorique : la mobilisation est un « échec ». Pour la journaliste, « le compte n’y est pas », avec « 31700 manifestants aujourd’hui à Paris contre 39000 lors de la fête à Macron ».

Un constat et des chiffres qui semblent inexorables à écouter la commentatrice. Et pourtant ! La comparaison n’a pas de sens puisqu’il s’agit de mettre en rapport, d’une part, la participation à une manifestation nationale à Paris (la « fête à Macron » du 5 mai), qui a rassemblé bien au-delà de la capitale; et de l’autre, la participation au seul cortège parisien du 26 mai, alors que 190 manifestations se tenaient par ailleurs dans toute la France. Tout se passe comme si les cortèges, en dehors de la capitale, étaient passés inaperçus aux yeux des journalistes de la chaîne publique [1]. Et à aucun moment, le chiffre de la participation nationale ne sera évoqué.

Or lorsque l’on compare les chiffres de la participation nationale de la « marée populaire » à ceux de la manifestation du 5 mai (comme le supposerait un minimum de bon sens), on trouve le constat inverse. Et ce, quelle que soit la source : la manifestation du 5 mai avait rassemblé plus de 100000 manifestants selon les organisateurs, 40000 selon la police, et 38900 selon le « comptage des médias », sous-traité au cabinet Occurrence. Le 26 mai, les chiffres de la participation nationale étaient de 250000 pour les organisateurs et 93315 pour la police, le « comptage des médias » n’ayant porté que sur la manifestation parisienne. Il y avait donc bien plus de manifestants le 26 mai ! De quoi relativiser ce constat « d’échec », que la rédaction de France 2 s’est empressée de formuler...

À noter que la chaîne publique est loin d’être le seul média à s’être adonné à cette comparaison hasardeuse : celle-ci a été reprise à l’envi par les chaînes d’information en continu ainsi que certains titres de presse [2], visiblement trop heureux de pouvoir décocher une nouvelle flèche contre les manifestants. Ce constat d’une mobilisation en baisse a donc été largement ressassé ; il est par ailleurs admirablement ajusté sur la communication du gouvernement, qui raille une marée à « petit coefficient », dans le JDD - où il bénéficie d’une tribune quasi-hebdomadaire.

Décidément, il semble que la mauvaise foi des éditorialistes et des commentateurs, dans leur empressement à annoncer « l’essoufflement » des mobilisations sociales [3], ne connaisse pas de limite…
Frédéric Lemaire

[1] Seule exception, la manifestation marseillaise, et pour cause : y défilait Jean-Luc Mélenchon.
[2] Ainsi sur BFM-TV, LCI, CNews ou encore Le Parisien, L’Obs, le Huffington Post, La Tribune, etc...
[3] Nous y revenions dans un précédent article

SUR LE MÊME SUJET :

AU CHILI, L’ÉVÊQUE À LA TÊTE DU CONSEIL DE PRÉVENTION DES ABUS SEXUELS DÉMISSIONNE


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MONSEIGNEUR ALEJANDRO GOIC LORS D’UNE CONFÉRENCE
DE PRESSE À SANTIAGO, AU CHILI, LE 2 SEPTEMBRE 2010.
PHOTO MARCELO HERNANDEZ
Alejandro Goic dit vouloir concentrer ses forces à éclaircir l’affaire des abus impliquant un groupe de treize prêtres et un diacre du diocèse de Rancagua, baptisé « la famille ».
Eclaboussé par un scandale d’abus sexuels dans son évêché, l’évêque de la ville chilienne de Rancagua (centre), Alejandro Goic, a démissionné de la présidence de l’organe chargé d’empêcher de tels abus, a annoncé samedi 26 mai la conférence épiscopale chilienne.


L’épiscopat a reçu dans la nuit de vendredi sa démission et, après délibérations et une discussion avec lui, a décidé de « l’accepter à compter du 26 mai », selon un communiqué du comité permanent de la conférence. L’évêque de 78 ans dirigeait le Conseil national de prévention des abus sexuels depuis sa création, en 2011, par la conférence épiscopale chilienne.

Eclaircir l’affaire des abus de « la famille »

L’évêque a fait valoir la nécessité pour lui de « concentrer ses forces à éclaircir » l’affaire des abus impliquant treize prêtres et un diacre du diocèse de Rancagua récemment suspendus et dont certains sont soupçonnés de possibles abus sexuels sur des mineurs, a-t-il dit dans une interview parue samedi dans le quotidien La Tercera.

Selon des témoignages diffusés par la chaîne de télévision Canal 13, ces religieux ont fait partie d’un groupe qu’ils ont baptisé « la famille », au sein duquel ils ont eu une conduite sexuelle inadéquate.


L’évêché de Rancagua a déploré les faits dénoncés et a demandé à la communauté catholique de fournir des informations sur ce nouveau scandale impliquant l’église chilienne, déjà frappée par des allégations de dissimulation d’abus sexuels qui ont conduit la semaine dernière au Vatican trente-quatre évêques chiliens à démissionner, soit l’ensemble de la hiérarchie de l’Eglise catholique chilienne. Depuis 2000, quelque 80 prêtres chiliens ont été dénoncés pour abus sexuels.

dimanche 27 mai 2018

LA COLOMBIE SERA LE PREMIER PAYS PARTENAIRE DE L'OTAN EN AMÉRIQUE LATINE


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SUR LE PISTOLET : « OTAN ».
SUR LA POIGNÉE : « ÉTATS-UNIS
SHARZHIPERO
La Colombie va rejoindre la semaine prochaine l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en tant que partenaire. Cela fera d'elle le premier pays d'Amérique latine à s'y joindre, a indiqué le président colombien Juan Manuel Santos.
LE PRÉSIDENT JUAN MANUEL SANTOS S'EST EXPRIMÉ À LA TV  
POUR ANNONCER LE PARTENARIAT DE LA COLOMBIE AVEC L'OTAN
PHOTO : REUTERS
Le pays va rejoindre l’Organisation en tant que «partenaire mondial », a indiqué le président Santos, ce qui signifie qu’il ne prendra pas forcément part à des opérations militaires et sera entièrement accrédité à Bruxelles.


L’OTAN, qui compte 29 pays signataires, avait conclu un accord de partenariat avec la Colombie en mai 2017, juste après la signature d’un accord de paix entre le pays et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, désormais la Force alternative révolutionnaire commune), qui a valu à Juan Manuel Santos le prix Nobel de la paix.

« La Colombie profite beaucoup d’être une part active d’une communauté internationale. De nombreux problèmes auxquels on fait actuellement face sont mondiaux, et nous avons besoin du soutien et de la collaboration des autres pays pour trouver une solution », a déclaré Juan Manuel Santos à la télévision.

L’Afghanistan, l’Australie, l’Irak, le Japon, la Corée du Sud, la Mongolie, la Nouvelle-Zélande et le Pakistan sont aussi des pays partenaires mondiaux de l’OTAN.

Selon le site de l’OTAN, le partenariat avec la Colombie touchera la cybersécurité, la sécurité maritime, le terrorisme et les liens avec le crime organisé.

L’annonce a eu lieu quelques heures après que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) eut admis la Colombie comme nouveau membre.


« Faire partie de l’OCDE et de l’OTAN améliore l’image de la Colombie et nous permet d’avoir plus de poids sur la scène internationale », a déclaré Juan Manuel Santos.

samedi 26 mai 2018

ESPAGNE : MARIANO RAJOY POURRAIT TOMBER À LA SUITE D'UNE AFFAIRE DE CORRUPTION


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MARIANO RAJOY, DURANT SA DÉCLARATION COMME TÉMOIN
DANS LE JUGEMENT DU CAS GÜRTEL, EN JUILLET 2017.
PHOTO EFE | EPV
 
Le président du gouvernement espagnol devra affronter une motion de censure après le verdict tombé jeudi 24 mai dans un vaste scandale de pots-de-vin qui éclabousse sa formation, le Parti populaire.
Courrier international avec El País 
« PARTI POURRI »
Le Parti populaire (PP, droite) du président du gouvernement Mariano Rajoy est sur la sellette et ses jours au pouvoir pourraient être désormais comptés – il devra en tout cas faire face à une mention de censure. 

Jeudi 24 mai en effet, la justice a rendu son verdict dans une gigantesque affaire de corruption, dont l’instruction avait duré sept ans et dont le procès avait commencé en octobre 2016.

L’affaire Gürtel, de son nom de code policier, se termine par des verdicts exemplaires, condamnant des chefs d’entreprise et surtout d’anciens responsables du PP : 351 ans de prison pour un total de 29 accusés.

La caisse noire du PP

Le verdict confirme l’existence d’une caisse noire au sein du PP, alimentée notamment par des surfacturations d’événements politiques et des pots-de-vin en liquide dans l’attribution de marchés publics. Et ce entre les années 1990 et le début des années 2010.

Ce coup de massue [judiciaire] affecte la crédibilité d’un parti qui a gouverné l’Espagne entre 1996 et 2004, et depuis 2011”, écrit le quotidien El País dans son éditorial, précisant dans un autre article qu’il “s’agit du réseau de corruption le plus vaste de l’histoire de la démocratie espagnole”.

Le Parti populaire, comme personne juridique, a lui-même été condamné à une lourde amende en tant que bénéficiaire de ce “système de corruption institutionnel”, précise le verdict. Un des moments clés du procès a été la comparution, comme témoin, de Mariano Rajoy lui-même, le 26 juillet dernier. “Le président du gouvernement avait alors affirmé, rappelle El País, que ‘jamais’ son parti n’avait reçu de dons en liquide de chefs d’entreprise, et il avait répété à sept occasions qu’il ne s’était jamais occupé de questions financières dans la formation conservatrice, mais uniquement des questions politiques.”

Des preuves “confondantes”, selon le verdict

Un témoignage rejeté par la sentence : “Les juges ont estimé que les preuves sur l’existence de la caisse noire sont si ‘confondantes’ que les témoignages de Rajoy et de ses compagnons de parti ne leur ont pas paru ‘assez vraisemblables’”, poursuit El País.

Le verdict a fait l’effet d’une bombe politique, et le Parti socialiste (PSOE), principal parti d’opposition, a déposé dès vendredi 25 mai une motion de censure contre le gouvernement de Mariano Rajoy. L’éditorial d’El País est titré : “Un gouvernement zombie”, qui laisse Rajoy “sans arguments ni marge politique”.

Reste qu’une motion de censure n’est pas gagnée d’avance, selon l’arithmétique parlementaire. Si le PSOE peut compter sur l’appui du parti de gauche Unidos Podemos et de certaines petites formations, il n’est pas sûr que la motion de censure obtienne une majorité absolue.

Ciudadanos en tête des sondages

Le plus sûr serait de compter avec le parti centriste Ciudadanos (centre), qui soutient le PP mais dont les liens avec ce dernier se sont largement distendus ces derniers temps.

Dans la matinée du 25 mai, Ciudadanos, par la voix de son secrétaire général José Manuel Villegas, repris notamment par El País, a réclamé au PP “des élections anticipées dans les prochaines semaines [car] la corruption a liquidé cette législature”.

Faute de réponse, le responsable de Ciuadadanos a laissé entendre qu’il pourrait soutenir, sous conditions, la motion de censure – avec, toujours en vue, des élections anticipées. Le parti centriste joue sur du velours : le dernier sondage, publié le 14 mai par El País, le donne largement en tête avec 29 % des intentions de vote tandis que les trois autres grandes formations, Unidos Podemos, PP et PSOE, seraient au coude-à-coude, avec environ 19 % des voix.

vendredi 25 mai 2018

COMMENT ÉTAIT CET EX-AGENT DE LA CIA QUI A TOUCHÉ À TOUS LES MALHEURS DE CUBA


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LE TERRORISTE LUIS POSADA CARRILES
LE 13 AVRIL 2011 À MIAMI ÉTAT DE FLORIDE
PHOTO ALAN DIAZ 
Ancien agent de la CIA et participant à l'opération de la baie des Cochons en 1961, Luis Posada Carriles est décédé dans la nuit de mardi à mercredi en Floride à l’âge de 90 ans sans avoir payé pour les crimes, dans lesquels il avait été impliqué. Sputnik s’en est entretenu avec l’historien cubain Elvis Rodriguez.
Accusé de terrorisme par le Venezuela et Cuba, Luis Posada Carriles s'était volontairement engagé en 1961 dans l'opération 40, nom de code du débarquement à la baie des Cochons, fomenté par la CIA et dont l'objectif était de renverser le nouveau gouvernement révolutionnaire de Fidel Castro. Il a également été impliqué dans l'attentat contre le vol 455 de la compagnie Cubana Aviacion qui a fait 73 morts en 1976. 
« Nous avons appris qu'il était décédé, mais le peuple cubain ne ressent pas de répulsion et n'aspire pas à la vengeance. Nous savons comment il était, à qui il servait et quel était son objectif », a déclaré à Sputnik Elvis Rodriguez, de l'Institut de l'histoire de Cuba.
Et d'expliquer que le peuple cubain aspirait toujours à la justice, mais à une justice juridique.

« Le plus grave est qu'avec sa mort, il est resté impuni au regard de la loi, du tribunal. Jusqu'à la fin de ses jours, il s'est trouvé sous la protection de ceux qui l'avaient enrôlé », a regretté l'interlocuteur de l'agence.
En 1997, une série d'explosions ont secoué La Havane et plus précisément ses sites touristiques, crimes dont la responsabilité revenait à Posada Carriles. Une personne a été tuée et quatre autres blessées. En outre, le tourisme cubain en a pâti. Le Miami Herald a publié les résultats de l'enquête qui témoignait de l'implication dans ces attentats d'un groupe de criminels salvadoriens et de Carriles.
«C'est ainsi que l'impérialisme américain forme ses agents», a constaté l'historien cubain.
Luis Posada Carriles figurait parmi les exilés cubains anticastristes les plus notoires aux États-Unis. Tout au long de sa vie, il a été militaire, agent de la CIA et policier au Venezuela. 

Après l'armée américaine, en 1965, il est recruté par la CIA qui en fait un de ses instructeurs. En 1968, il quitte les États-Unis pour le Venezuela. Il travaille jusqu'en 1976 pour la DISIP, les renseignements vénézuéliens, en tant qu'agent double pour le compte des Américains.