vendredi 31 août 2012

AU CHILI, LES ÉTUDIANTS MANIFESTENT POUR LA GRATUITÉ DE L'ÉDUCATION

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DES MANIFESTANTS AU CHILI, MARDI 28 AOÛT 2012. PHOTO IVAN ALVARADO
Les manifestants exigent que l'État offre une éducation publique gratuite et que l'éducation privée soit interdite. Actuellement, l'Etat ne finance que 25% du système éducatif, la gratuité éducative étant juste garantie au niveau du primaire. Les organisateurs de la manifestation demandent que les écoles publiques soient à nouveau prises en charge par l'État et non plus par les municipalités, comme c’est le cas depuis la dictature de Pinochet (1975-1990). Selon eux, ce système crée une grande inégalité entre les communes les plus riches et les plus pauvres du pays.

Alors que certains dansaient au rythme de percussions, des milliers d’autres, le visage masqué ou portant des capuches, ont dressé en fin de cortège des barricades et affronté à coups de pierres et de bâtons les forces de l’ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes et avec des canons à eau.

«Ce sont eux qui causent du tort à tous. Tout aurait pu très bien se passer», a regretté auprès de l’AFP Javiera, élève de 15 ans, en observant de loin des jeunes aux visages masqués montés sur une barricade.

Pour les dirigeants des organisations étudiantes, ces violences donnent des arguments aux autorités pour «criminaliser» leur mouvement et détourner l’attention de leurs demandes.

«J’espère qu'à la fin de la journée, on parlera du renforcement de l'éducation publique (...) et de la fin du profit» dans l'éducation privée, a souhaité Gabriel Boric, l’un de principaux dirigeants étudiants.

Marta Cistena, représentante d’un groupe d’observateurs des droits de l’homme, a qualifié d'«absolument disproportionnée» l’intervention des carabiniers. «La police croit qu’elle peut faire ce qu’elle veut, dans la plus parfaite impunité», a-t-elle également dénoncé. Le chef de la police du Chili a admis que certains de ses hommes avaient déshabillé les étudiants arrétés pendant la manifestation, mais il a refusé d’identifier les responsables.

La mobilisation du 8 août avait inauguré cette série de protestations. Réunissant 5 000 personnes, elle avait été particulièrement violente, avec 75 arrestations, 40 policiers blessés et trois bus en flammes. Un autre défilé, le 23 août, avait réuni 10 000 jeunes. «Ces manifestations ne son pas massives et les étudiants ne suivent pas leurs dirigeants» avait signalé la semaine dernière le ministre d'éducation, Harald Beyer.


Pourtant, mardi, le gouvernement a pris acte de l'ampleur de la manifestation. Le porte-parole du Palais de la Monnaie (la présidence de la République), Andrés Chadwick, a jugé «significative» cette marche.

Eloisa Gonzalez, la porte-parole de l’Assemblée coordinatrice des étudiants secondaires (ACES), a annoncé un boycott des élections municipales en octobre. «La classe politique va trembler», a affirmé l'étudiante de 17 ans.

Fin 2011, le mouvement a obtenu une hausse de 10% du budget de l'éducation pour 2012, de timides aides aux prêts étudiant et un début de réforme sur la gestion des collèges et lycées publics.

vendredi 24 août 2012

CHILI : DES EXPERTS DE L’ONU ENQUÊTENT SUR LES DISPARITIONS FORCÉES SOUS PINOCHET


« Les procès sont trop lents, explique l’Argentin Ariel Dulitzky. Une loi d’amnistie est toujours en vigueur. La plupart des peines qui sont prononcées sont très basses et elles ne sont pas toujours suivies de prison. Nous pensons que ce n’est pas compatible avec le délit de disparition forcée ».

Pour la présidente de l’association des familles de disparus Lorena Pizarro, ces premières conclusions sont une victoire : « Nous, nous avons demandé exactement la même chose, et le gouvernement n’a jusqu’ici rien fait ». Des recommandations de l’ONU l’inspireront peut-être davantage.
MME LORENA PIZARRO, PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION DES FAMILLES DE DÉTENUS DISPARUS, LORS DE LA CÉRÉMONIE FUNERAIRE POUR TROIS MILITANTS, DONT LES DÉPOUILLES ONT ÉTÉ RÉCEMMENT RÉCUPÉRÉES ET IDENTIFIÉES. LE COMBAT DES FAMILLES CONTINUE ENCORE ET TOUJOURS, CAR DES CENTAINES DE DISPARUS N’ONT TOUJOURS PAS ÉTÉ RETROUVÉS.

« Les enquêtes ouvertes sur les cas de disparitions forcées et les condamnations qui se sont ensuivies sont d'importantes réalisations pour le Chili dans la lutte contre l'impunité s'agissant des graves violations des droits de l'homme », se sont félicités deux expertes du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires au terme de leur mission dans ce pays. Elles ont toutefois reconnu qu'il restait d'importants défis à relever.

« En raison des faibles condamnations prononcées et d'autres largesses accordées, très peu des ravisseurs purgent actuellement une peine », ont commenté Mme Jasminka Dzumhur et Ariel Dulitzky. « La Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées requiert pourtant des États que les actes de disparitions forcées soient punis à la mesure de la gravité du crime commis », ont-elles ajouté.
CHILI, 1988 : OÙ SONT-ILS ?. LA DISPARITION FORCÉE DES DÉTENUS, AVEC LA TORTURE ET LES EXÉCUTIONS SOMMAIRES D’OPPOSANTS POLITIQUES, ONT ÉTÉ DES PRATIQUES COURANTES DES DICTATURES MILITAIRES QUI ONT PRIS D’ASSAUT LES PAYS DU CÔNE SUD PENDANT LES DECENNIES 70 ET 80. APPRISES À L’ÉCOLE MILITAIRE AMÉRICAINE, CES « TECHNIQUES » PROVOQUAIENT UN CLIMAT DE TERREUR GÉNÉRALISÉ, CHERCHAIENT À DÉMOBILISER L’OPPOSITION POLITIQUE ET PARALYSER LA SOCIÉTÉ CIVILE, CONSIDERÉE COMME « ENNEMI INTÉRIEUR ». PHOTO JAVIER BAULUZ - PIRAVAN

Depuis le retour de la démocratie au Chili, d'importantes mesures ont été prises par ce pays pour rétablir vérité et justice, procéder aux réparations nécessaires et cultiver un devoir de mémoire concernant les graves violations commises sous la dictature militaire. Les différents mémoriaux constituent une reconnaissance collective nationale des violations et de leur condamnation unanime, ont souligné les experts. Mais l'État chilien devrait renforcer sa responsabilité et son leadership pour veiller à ce que ces initiatives, lancées le plus souvent par les familles des victimes, fassent partie d'une politique globale, cohérente et permanente.

« La validité du décret-loi de 1978 représente un danger caché et devrait être expressément rejeté », ont estimé les expertes, pour lesquelles d'importants défis demeurent, comme la lenteur des procédures judiciaires et les retards de mise en œuvre de la justice militaire, mais aussi le fait que le crime de disparition forcée ne soit pas reconnu à part entière et l'absence d'un plan national pour rechercher les personnes disparues.

Mme Dzumhur et Dulitzky, deux des cinq membres du groupe, se sont rendues au Chili du 13 au 21 août afin d'y évaluer les différentes initiatives et politiques lancées par le Chili sur les disparitions forcées ou involontaires. Les informations collectées à cette occasion figureront dans un rapport qui sera présenté au Conseil des droits de l'homme lors de sa session de mars 2013.


http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=28803&Cr=Chili&Cr1= 22 août 2012 –

jeudi 23 août 2012

CHILI : DES EXPERTS DE L’ONU ENQUÊTENT SUR LES DISPARITIONS FORCÉES SOUS PINOCHET


« Les procès sont trop lents, explique l’Argentin Ariel Dulitzky. Une loi d’amnistie est toujours en vigueur. La plupart des peines qui sont prononcées sont très basses et elles ne sont pas toujours suivies de prison. Nous pensons que ce n’est pas compatible avec le délit de disparition forcée ».

Pour la présidente de l’association des familles de disparus Lorena Pizarro, ces premières conclusions sont une victoire : « Nous, nous avons demandé exactement la même chose, et le gouvernement n’a jusqu’ici rien fait ». Des recommandations de l’ONU l’inspireront peut-être davantage.


jeudi 2 août 2012

APPEL DES PRÊTRES DE LA COMMUNAUTÉ MAPUCHE : « ASSEZ DE VIOLENCE, IL FAUT REPRENDRE LE DIALOGUE INTERROMPU »


LE DÉDAIN DU GOUVERNEMENT PINERA POUR LES DEMANDES DU PEUPLE MAPUCHE ET SA GESTION PUREMENT POLICIÈRE DU CONFLIT L’ONT EMMENÉ À MILITARISER LA RÉGION. LE NOMBRE D’EFFECTIFS SUR PLACE SE RENFORCE, LES INCIDENTS SE MULTIPLIENT, LA POSSIBILITÉ DU DIALOGUE CONTINUE DE S’ÉLOIGNER.
Fin juillet, la diffusion des images des blessures infligées aux enfants Mapuche ont suscité l’émotion de l’opinion publique internationale. 
« Nous avons appris par la presse locale que après une réunion avec le ministre de l’Intérieur et les chefs des forces de l’ordre, le Président du Chili, Sebastián Piñera a déclaré qu’il apportera tout son appui à la police afin qu’elle maintienne la sécurité dans la zone. Cependant, au cours de ces dernières semaines le nombre des épisodes de violence de la police contre les manifestants a augmenté ».
Le père Pablo Castro, SJ, qui vit et exerce son ministère dans une communauté Mapuche, a qualifié les conclusions de la réunion sur la sécurité d’ « honteuses », et a regretté que tout ait porté sur les problèmes de contrôle de la part de la police.
« On a l’impression d’être revenus à l’époque de la colonisation, du fait de l’augmentation de la présence des forces militaires et de police au sein de la communauté » a déclaré le religieux sur les ondes de Radio Cooperativa

L'histoire du conflit actuel peut être retracée au moment de la confiscation par l'État des terres indigènes vers la fin du 19ème siècle. Les évêques du Chili ont clairement déclaré que « ce conflit restera sans solution à moins que le problème ne soit traité à sa racine : l'occupation des terres ancestrales et les politiques officielles de transfert des terres et d'assimilation culturelle. »
LE PRÊTRE JESUITE PABLO CASTRO, SJ,
EXERCE DEPUIS DES ANNÉES AU MILIEU
DES COMMUNAUTÉS MAPUCHE DE TIRUA.
IL DÉNONCE LA BRUTALITÉ POLICIÈRE
ENVERS LES ENFANTS ET APPELLE LES 
AUTORITÉS À CESSER LES VIOLENCES
ET RENOUER LE DIALOGUE.
« On a l’impression d’être revenus à l’époque de la colonisation… »

Le Père Castro conclut : « Il est important de percevoir la réalité entièrement, de façon à ne pas tomber dans les suggestions médiatiques qui transforment les nouvelles sur le peuple Mapuche en nouvelles politiques, criminalisant leurs vies, leurs actions et leurs requêtes légitimes. »