vendredi 4 mai 2018

CHILI: LES AGRESSIONS SEXUELLES POURRAIENT DEVENIR IMPRESCRIPTIBLES


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PHOTO ISTOCK
Au Chili, pays bouleversé par le récent viol et le meurtre d'un bébé, les agressions sexuelles pourraient bientôt devenir imprescriptibles, après la signature jeudi d'un projet de loi en ce sens par le nouveau président de droite Sébastian Piñera.

«Nos enfants abusés sexuellement ont le droit de se défendre pour obtenir justice et empêcher que le temps (...) se transforme en un véritable complice qui favorise l'impunité », a déclaré le chef de l'État conservateur, qui a succédé en mars à la socialiste Michelle Bachelet.

Le projet, désormais entre les mains du Parlement, devra être examiné « en urgence », a ajouté le président Piñera.

« C'est merveilleux, il y aura un avant et un après. C'est un cadeau pour notre pays (...) Ils ne regretteront pas. Cela va apporter la paix sociale », s'est réjoui James Hamilton, une des victimes d'un prêtre pédophile chilien reçues longuement par le pape François et présent jeudi lors de la signature.

François, qui se dit déterminé à corriger ses « graves erreurs » d'appréciation sur un scandale de pédophilie du clergé au Chili, a reçu dans sa résidence de la Cité du Vatican entre vendredi et lundi Juan Carlos Cruz, James Hamilton et Jose Andrés Murillo, aujourd'hui âgés d'une quarantaine ou d'une cinquantaine d'années.

L'annonce du président Piñera intervient le jour des funérailles de la petite Ambar, 20 mois, auxquelles ont assisté des milliers de personnes, tant son cas a ému le pays.

La tante d'Ambar, qui en avait la garde, l'a emmenée samedi à l'hôpital Sans Camilo en expliquant qu'elle était tombée du lit. Mais les médecins de cet établissement de Los Andes, ville perchée dans les montagnes à 70 km de la capitale Santiago, ont conclu a un viol accompagné de coups. Elle est décédée à l'hôpital.

Dans un entretien au journal La Tercera le pédiatre Alvaro Retamal, qui a examiné le bébé, a confié n'avoir « jamais » vu une telle agression en 18 ans d'activité.

L'auteur présumé, le compagnon de sa tante, a été arrêté après avoir été accusé de « viol et d'homicide ».

Jusqu'à présent, la prescription au Chili était de cinq ans pour les délits contre les mineurs et de dix ans pour les crimes visant des enfants.

L'an dernier, 22.540 plaintes pour agressions sexuelles, soit près de trois toutes les heures, ont été enregistrées au Chili, selon les chiffres du parquet national.