dimanche 18 février 2018

POURQUOI MARX RAJEUNIT AU PRÉSENT ET AU FUTUR

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UNE DE L'HORS-SÉRIE HUMANITÉ

KARL MARX HORS-SÉRIE HUMANITÉ Le hors-série exceptionnel de 84 pages édité par l’Humanité est proposé avec en cadeau la dernière traduction du Manifeste du Parti communiste. 
Pierre Chaillan
Dix ans après le « retour de Marx » lors de la crise de 2008, un récent rapport de la banque Natixis explique en quoi son analyse des crises du système capitaliste se trouve avalisée. Quelle actualité ! Déjà, depuis le coup de maître du cinéaste Raoul Peck, c’est un jeune Karl Marx qui s’affiche. Jeune et très actuel, Marx l’est en raison de sa grille de lecture de classes ! Face aux réponses austéritaires et inégalitaires des pouvoirs politiques et aux semeurs de divisions et de guerre, l’économiste des crises, l’historien de la lutte des classes et le philosophe de l’émancipation humaine revient totalement rajeuni dans les débats qui agitent la vie politique, économique et sociale.

Grâce aux travaux universitaires récents, il devient même pertinent pour répondre à des questions dont il semblait éloigné tels les défis environnementaux, les enjeux humains et sociétaux. Pour souffler ses 200 bougies, l’Humanité, journal de Jean Jaurès, a donc décidé d’éditer un hors-série. Notre directeur-fondateur aimait dialoguer avec le penseur, à qui il attribuait l’expression « l’évolution révolutionnaire », qu’il a faite sienne. Démarche moderne s’il en est pour qui veut transformer le monde. Marx, le coup de jeune fait donc la part belle à la jeune génération d’universitaires avec les contributions des doctorants en philosophie Saliha Boussedra, Jean Quétier et Guillaume Fondu, de l’historien Jean-Numa Ducange, du professeur de philosophie Florian Gulli, des philosophes Emmanuel Renault et Franck Fischbach ou encore de l’économiste Frédéric Boccara. Et parce que Marx et le marxisme ne sont pas conçus comme une icône à vénérer ou comme la recette magique qu’il faudrait de façon mécanique appliquer à la lettre, ce numéro donne de la place au débat dans une table ronde avec l’écrivaine Pascale Fautrier, auteure des Rouges, Alain Bergounioux, président de l’Office universitaire de recherche socialiste (Ours), et Guillaume Roubaud-Quashie, le directeur de la revue Cause commune. C’est aussi une formidable invitation à (re)découvrir Marx, à savoir d’où il parle, en suivant le récit des grandes périodes de sa vie d’intellectuel, de mari, de père et d’ami. Son dialogue avec Friedrich Engels est ainsi retracé par Mohamed Moulfi, professeur de philosophie à l’université d’Oran. Plusieurs autres spécialistes de Marx, au travers d’articles de référence, apportent leur pierre à une pensée toujours en construction.

Au-delà des idées reçues, le philosophe Lucien Sève aborde la question de l’individu. Le sociologue et philosophe franco-brésilien Michael Löwy relève le gant du débat sur Marx écologiste. Tel un hommage rendu à Gramsci et à André Tosel, la réflexion de la philosophe Isabelle Garo définit les idées comme « langage de la vie réelle ». Débat actuel encore sur la démocratie et le communisme, avec les contributions des philosophes Étienne Balibar et Yvon Quiniou et du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. La vitalité des concepts marxiens sera rappelée dans des domaines inattendus ou plus connus avec onze pages, « Les mots pour dire Marx de A à Z », concoctées par Maurice Ulrich et Pierre Ivorra. Le docteur en philosophie Claude Morilhat revient sur la pertinence de la théorie de la plus-value. Enfin, deux pépites : un extrait du texte fondateur du philosophe Daniel Bensaïd sur le vol de bois et le poème Karl Marx blues de Jean-Pierre Lefebvre. Si l’historien Raymond Huard revient sur le centenaire en 1918, le philosophe Jacques Bidet s’interroge, lui, sur la « trace féconde » de Marx, évoquant Foucault, Althusser et Bourdieu. L’entretien de Raoul Peck place ce hors-série dans le faisceau de lumière du film le Jeune Karl Marx. Un numéro à se procurer absolument.