mardi 20 février 2018

AFFAIRE BARROS: MGR SCICLUNA EST ARRIVÉ AU CHILI

L'ÉVÊQUE D'OSORNO, MGR JUAN BARROS LORS DE LA MESSE
CÉLÉBRÉE PAR LE PAPE SUR LA PLAGE DE LOBITOS,
LE 18 JANVIER 2018. 
PHOTO AFP
Après une première étape new-yorkaise, le prélat maltais est arrivé ce lundi au Chili où il doit rencontrer d’autres victimes du père Karadima, accusant Mgr Barros, d’avoir couvert ses abus sexuels.
Vatican News
Mgr Charles Scicluna, archevêque du diocèse de La Valette à Malte, est arrivé lundi 19 février à Santiago, au Chili. Il y a été envoyé par le Pape François «pour écouter ceux qui ont exprimé la volonté de soumettre des éléments en leur possession» concernant le cas de Mgr Barros, accusé d’avoir couvert les abus sexuels commis par le père Fernando Karadima, dont il fut proche.

Mgr Scicluna, «effectuera cette mission d'écoute entre mardi 20 et vendredi 23 février dans les bureaux de la Nonciature apostolique» à précisé la conférence épiscopale du Chili dans un communiqué. Parmi la vingtaine de personnes qu’il doit rencontrer lors de sa mission chilienne (dont certaines tiennent à garder l'anonymat), le prélat maltais rencontrera notamment deux autres victimes du père Karadima, et le 21 février, il recevra des laïcs du diocèse d’Osorno, opposés à la nomination de Mgr Barros.

Dans un communiqué publié ce mardi, et publié sur le site de la conférence épiscopale chilienne, Mgr Scicluna remercie les personnes qui se sont déclarées disponibles pour le rencontrer durant sa mission, qu'il précise mener à la demande expresse du Pape François. «Le Saint-Père, qui se souvient avec émotion de l'accueil chaleureux reçu durant son récent voyage apostolique dans ce pays, vous transmet un salut affectueux, accompagné de sa bénédiction spéciale, pour vous et pour tout le peuple chilien», est-il écrit dans ce communiqué. Il y remercie aussi le personnel de la nonciature apostolique, et le nonce en personne, Mgr Ivo Scapolo, pour leur disponibilité dans l'organisation de cette mission, qui démontre de la part du Pape, «une véritable écoute et une proximité envers la réalité et les défis de la société chilienne et de l'Église», insiste la conférence épiscopale du Chili.

Mgr Barros accusé d'avoir couvert les abus du père Karadima

Envoyé spécial du Pape, Mgr Scicluna est chargé d'enquêter sur le cas de l'évêque chilien Juan Barros, nommé par le Pape François en 2015 à la tête du diocese d’Osorno, alors qu'il était soupçonné d'avoir tu les agissements du prêtre pédophile, Fernando Karadima. 

Cette affaire a ressurgi à l’occasion du voyage du Saint-Père au Chili, du 15 au 18 janvier. Fernando Karadima, cure de El Bosque, un quartier huppé de Santiago, la capitale chilienne, a été reconnu coupable en 2011 par un tribunal du Vatican d'avoir commis des actes pédophiles dans les années 1980 et 1990. Il a été contraint de se retirer pour une vie de pénitence, mais l'attitude de l'épiscopat chilien à son égard demeure très critiquée. Des victimes de Karadima ont accusé Mgr Barros d'avoir assisté à certains actes de pédophilie sans les dénoncer. L’omniprésence de cet évêque aux messes célébrées dans trois villes différentes du Chili a soulevé un tollé dans l’opinion publique chilienne.

Un premier entretien à New York

C’est le cas de Juan Carlos Cruz, que Mgr Scicluna a rencontré samedi 17 février, à New-York, dans une paroisse de Manhattan. « Pour la première fois, j'ai le sentiment qu'on nous écoute » a déclaré ce journaliste chilien expatrié aux États-Unis à l’issue de quatre heures d’entretien avec l'archevêque maltais, lequel a fait preuve de «compassion»et d’«empathie», a-t-il insisté.

«Je lui ai raconté des situations que j’ai vécues ou que d’autres ont vécues, et il pleurait, sincèrement», a ajouté la victime, qui affirme avoir remis à l’émissaire du Vatican des documents venant à l’appui de ses accusations.

Il également précisé à l’agence AP que les discussions avaient portées sur plusieurs autres évêques et sur les cardinaux chiliens Francisco Javier Errazuriz et Ricardo Ezzati, qui auraient également tu les agissements du père Karadima, ce qu’ils ont toujours nié.