mardi 11 avril 2017

AU CHILI, ÉTUDIANTS ET PROFESSEURS MILITENT POUR UNE ÉDUCATION GRATUITE

 ÉTUDIANTS POUR UNE ÉDUCATION GRATUITE
SANTIAGO,  21 AVRIL 2016 PHOTO JORGE VILLEGAS

Mais pas sûr que cette loi passe le cap de ce premier vote. La droite devrait voter contre, tout comme 2 députés de gauche, qui sont d’anciens dirigeants étudiants. Ces députés demandent de reporter le vote, après avoir reçu et écouté les étudiants au Congrès.

Le mouvement étudiant réclame la gratuité pour tous. Il reproche au gouvernement de maintenir en place un "marché de l’éducation" et de ne pas aller assez loin dans des réformes qu’il qualifie de superficielles. Avec la loi de Michelle Bachelet, plus de 200 000 chiliens peuvent étudier gratuitement dans l'enseignement supérieur, à l'université ou dans des instituts techniques, et cela depuis 2 ans. Mais le système de financement reste le même : toutes les écoles sont toujours payantes. Et même dans le cas de la gratuité, c’est l’État qui paie les frais de scolarité directement aux universités. Cette gratuité, c’était une promesse de campagne de l’actuelle présidente socialiste Michelle Bachelet. Pour ce faire, l’État a augmenté les impôts pour financer cette réforme, mais les universités pour l’instant ne mettent pas la main à la poche.

Certains voient l’éducation comme un bien de consommation au Chili, et cela n’a pas toujours été le cas ?

Jusqu’au coup d'État de Pinochet, les universités publiques au Chili étaient gratuites. Aujourd’hui, plus aucune ne l’est. Pire encore :

l’éducation au Chili est la plus chère au monde par rapport au niveau de vie selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En sachant qu'un Chilien sur deux gagne moins de 435 euros par mois :

  • Une année de médecine coûte 7 000 euros minimum,
  • Une année d'architecture coûte 5 000 euros

La conséquence de ce système, c’est l’endettement des familles. D’après l’une des principales organisations étudiantes du pays, la FECH, un million d'étudiants est endetté actuellement, contre 700 000 en 2015 et 400 000 en 2011. Un chiffre en constante progression.

Ce lundi, la porte-parole du gouvernement a souligné l’engagement du pouvoir exécutif de "mener à bien les réformes les plus transformatrices" de l’histoire du pays en matière d’éducation.

Si ce manque de régulation sur le marché de l’éducation est à la source du sur-endettement de certaines familles, il est salué par d’autres...

Le groupe états-unien LAUREATE par exemple, qui détient 70 universités dans le monde dont 5 au Chili, est sous le coup d'une enquête. Il est soupçonné de réaliser des bénéfices sur le dos des étudiants, une pratique en théorie interdite au Chili. Ces soupçons sont aggravés depuis que cette entreprise est entrée en bourse aux État-Unis, au NASDAQ, il y a tout juste 2 mois.

Ce système éducatif, décrié au Chili, a été applaudi par la nouvelle Secrétaire d'État du gouvernement de Donald Trump, Betsy DeVos. Cette cheffe d’entreprise multimillionnaire souhaite s’en inspirer pour créer notamment des écoles privées subventionnées par l’État.