lundi 3 octobre 2016

LA COLOMBIE VOTE «NON» À L’ACCORD DE PAIX AVEC LES FARC


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UNE FEMME EN FAVEUR DU «NON» AU RÉFÉRENDUM PREND
PART À UNE MANIFESTATION À BOGOTA, LE 1ER OCTOBRE 2016
PHOTO GUILLERMO LEGARIA.  

Près de 34,9 millions d’électeurs étaient appelés à répondre par « Oui » ou par « Non » à la question : «Soutenez-vous l’accord final d’achèvement du conflit et de construction d’une paix stable et durable ? », titre du document de 297 pages issu de près de quatre ans de pourparlers, délocalisés à Cuba. Ce scrutin, crucial pour l’avenir du pays, s’est ouvert à 8h  (heure locale) sous une pluie torrentielle, conséquence du passage de l’ouragan Matthew sur les Caraïbes. 

Légitimité 

Le référendum, non obligatoire, a été voulu par M. Santos afin de donner la « plus large légitimité » possible à l’accord qu’il a signé le 26 septembre avec le chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes), Rodrigo Londoño, plus connu sous ses noms de guerre Timoleon Jiménez ou Timochenko.

Ce texte visait à mettre fin à la plus ancienne confrontation armée des Amériques qui, au fil des décennies, a impliqué diverses guérillas d’extrême gauche, des milices paramilitaires d’extrême droite et les forces de l’ordre, faisant plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

Au total 240 000 policiers et militaires ont été déployés pour ce scrutin, dans près de 82 000 bureaux de vote ouverts jusqu’à 16 h (heure locale). Luis Carlos Villegas, ministre de la Défense, a déclaré dimanche que « ces élections peuvent être les plus tranquilles de notre histoire en matière de sécurité et d’ordre public ».

Dans la majeure partie du pays, « la journée électorale [s'est déroulé] sans aucun problème en dépit des pluies », a indiqué en milieu d’après-midi le directeur de la Commission électorale, Juan Carlos Galindo, précisant que le vote avait été retardé dans quelques bureaux isolés, affectés par les précipitations.

« Le seing de légitimité et d’approbation du peuple colombien est nécessaire pour que la paix soit stable et durable », avait réitéré M. Santos, en installant la Mission d’observation électorale, composée de près de 200 personnes de 25 pays.

Symboliquement, la guérilla a confirmé samedi qu’elle dédommagerait matériellement les victimes. L’un de ses chefs, Ivan Marquez, était en outre allé la veille « demander pardon avec humilité » aux survivants d’un massacre qui a fait 35 morts en 1994 à La Chinita, quartier pauvre d’Apartado (nord-ouest).
    
«Laxisme» des sanctions

Le patron du Centre démocratique a à nouveau fustigé l’accord dimanche. « La paix est enthousiasmante, les textes de La Havane décevants », a-t-il lancé, en exprimant sa « gratitude » aux Colombiens « qui ont dit “Non” ».

Les opposants dénoncent notamment un « laxisme » des sanctions prévues contre les auteurs des crimes les plus graves, et la participation des guérilléros démobilisés à la vie politique, craignant un « castro-chavisme » inspiré des régimes cubain et vénézuélien. 

José Gomez, un retraité de 70 ans, se dit ainsi « pour le “Non” car c’est absurde de récompenser des criminels narco-assassins, qui ont fait de ce pays un désastre ».

Le gouvernement comme les FARC a écarté toute renégociation. Lors d’un entretien à l’AFP, M. Santos avait averti que si le « Non » l’emporte, les guérilleros « retournent dans la jungle ».