samedi 28 novembre 2015

LE FOOTBALL CHILIEN DANS LA TOURMENTE

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
LA PANENKA D'ALEXIS SÁNCHEZ. PHOTO REUTERS 
Alors que le Chili doit disputer un match en Uruguay, le voyage du président prend une tournure de film hollywoodien. Il serait sorti en premier de l’avion, escorté par des membres du FBI. Raúl Guzmán, journaliste chilien, s’épanche : «  Il a été traité de manière différente. Même les artistes et les diplomates ne sont pas reçus ainsi (avec autant de sécurité, ndlr). Aucun policier ne voulait parler.  » Après la gifle contre les coéquipiers de Cavani, la nouvelle tombe : Sergio Jadue a présenté sa démission, qui sera acceptée par les instances de la Fédération. Au Chili, une page se tourne. Et maintenant ?

Coalition contre Jadue

Les premiers détails de l’affaire filtrent. Jadue est interrogé aux USA dans le cadre du scandale de la FIFA. Comme Luis Bedoya, son homologue colombien qui a récemment quitté son poste, il est sous le coup d’une enquête pour avoir reçu des pots-de-vin liés au FIFAgate et à la CONMEBOL. Selon la justice américaine, de nombreux présidents de fédérations sud-américaines ont reçu 1,5 million de dollars de l’entreprise Datisa pour les droits de la Copa América 2015. Sa lettre de démission est rapidement publiée par les médias locaux. Une missive conclue par un sobre «  Mission accomplie  » , cher à Pinochet.

 LETTRE DE DÉMISSION SERGIO JADUE
Si sa démission marque la fin d’une ère, elle n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le football chilien est en pleine crise. De nombreux clubs avaient affichés leur mécontentement : un groupe de clubs nommé sobrement G-13 (dont les gros, Universidad de Chile, Colo-Colo et Universidad Católica ne font pas partie) au fort pouvoir au sein de la Fédération a décidé qu’aucun dirigeant lié au scandale de la FIFA ne devait occuper un poste dans l’instance chilienne. «  Il faut faire un nettoyage géant  » , affirmait un membre du groupe. Alors qu’il niait en bloc, les médias chiliens affirment que Jadue s’est déclaré coupable devant la justice américaine, afin d’éviter une lourde peine. Il devrait donc collaborer pour l’enquête. Le journal El Mercurio précise : «  Il a reconnu sa culpabilité face aux charges retenues contre lui par la justice américaine et a accepté de coopérer à l'enquête en échange d'une peine réduite. Il restera à New York tout le temps de la procédure judiciaire et y effectuera sa peine, que les experts estiment entre trois et cinq ans de liberté surveillée.» 


Le Chili dans l’inconnu

Une page importante du football chilien se tourne. Celle d’un dirigeant décrié pour ses rapports tendus avec Marcelo Bielsa. Celle d’un homme qui a su revitaliser le football chilien, en modernisant les stades, en accueillant la Copa América, et en offrant à Jorge Sampaoli la possibilité d’entraîner une sélection vierge de titre pour la mener sur le toit de l’Amérique. D’ailleurs, l’avenir de l’entraîneur argentin s’écrit en pointillés. Convoité par certains clubs européens, il clame son envie de rester au Chili, et son rêve d’entraîner un jour River Plate, club qu’il supporte. Actuellement blessé, Charles Aránguiz a durement critiqué les instances du pays, dans les colonnes de Las Últimas Noticias : «  Le football chilien est plus que mort. Je souhaite que les gens reviennent au stade, que les tickets soient moins chers, que l’ambiance revienne. Je ne comprends pas pourquoi, au Chili, les supporters ne peuvent plus entrer avec des banderoles et des instruments.  » L’avenir du football chilien est donc flou. En attendant, Marcelo Salas, légende locale, s’est déclaré candidat à la présidence. Et les médias chiliens continuent d’enfoncer l’ancien président. Selon Chilevisión Noticias, il aurait payé une maison d’environ 635 390 euros en cash. Une enquête pour blanchiment d’argent aurait aussi était évoquée. Pire, il aurait fait pression pour qu’Harold Mayne-Nicholls, son prédécesseur au poste, soit suspendu par la FIFA. Pas mal de casseroles donc, pour Sergio Jadue. Et cette fois-ci, ce n’est pas une panenka d’Alexis Sánchez qui le sauvera.

PAR RUBEN CURIEL