mercredi 25 novembre 2015

CHILI: PINOCHET AURAIT EU 100 ANS, SES PARTISANS S'EN SOUVIENNENT

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

LE VEUVAGE, UNE BONNE OCCASION DE TRINQUER. PHOTO AGENCIA UNO
La cérémonie est organisée par la Fondation du Président Pinochet et le parti politique "Pour ma patrie" (Por mi patria), dont le dirigeant n'est autre que le petit-fils de l'ancien dictateur, Augusto Pinochet Molina, qui espère toujours lancer un mouvement d'hommage à son grand-père. 

CÉRÉMONIE POLITICO-RELIGIEUSE AU
PIED D'UNE STÈLE COMMÉMORATIVE 
Mais aucune figure publique n'ose désormais défendre Augusto Pinochet et, hormis la cérémonie, aucune célébration populaire n'est prévue dans le pays. 

"Nous y allons parce que nous sommes reconnaissants. Le général Pinochet a sauvé ce pays", affirme à l'AFP l'un des participants, qui souhaite garder l'anonymat par peur des représailles.  


LA PLACE DE CHACUN AVAIT ÉTÉ DÉFINIE TRÈS STRICTEMENT.  AU DEUXIÈME RANG SE TIENT L'ANCIEN GARDE DU CORPS DU DICTATEUR, CRISTIAN LABBÉ GALILEA, COLONEL DE L’ARMÉE À LA RETRAITE, ANCIEN AGENT DE LA DINA ET INSTRUCTEUR DE TORTIONNAIRES, ANCIEN MAIRE DE LA COMMUNE DE PROVIDENCIA, À SANTIAGO.
Ceux qui se rendront à cette commémoration font partie de ce que l'on appelle le "noyau dur", un petit groupe de nostalgiques d'une oeuvre politique qu'ils estiment insuffisamment reconnue et jugeant "ingrate" la droite chilienne actuelle. 

Vingt-cinq ans après la fin du régime, on revendique rarement son attachement à l'ex-dictateur. 

LA MESSE DES PINOCHETISTES FUT CÉLÉBRÉE SOUS CHAPITEAU
"Ce qui se passe c'est qu'aujourd'hui il est politiquement incorrect d'être en faveur de Pinochet", en raison des violations des droits de l'homme qui ont eu lieu durant sa dictature, avec 3.200 victimes, mortes ou disparues, explique Marta Lagos, directrice de l'institut de sondage Mori. 

Et pourtant, une grande partie de la société continue de valoriser son héritage politique et surtout économique : une économie très libéralisée, qui a laissé la santé, l'éducation et les retraites aux mains du secteur privé. 

"Les partisans les plus convaincus qui célèbreront la naissance de l'ancien dictateur sont peu nombreux, mais ceux qui défendent le gouvernement de Pinochet sont nombreux, beaucoup trop quand on considère le nombre d'années passées", souligne Mme Lagos. 

- 'L'un des meilleurs présidents' - 

"Il y a deux types de soutien à Pinochet", renchérit Patricio Navia, politologue de l'Université Diego Portales : "Il a ceux qui célèbrent le personnage, le général Pinochet, et ceux qui célèbrent les réformes engagées par son gouvernement". 

Et ce sont deux groupes bien distincts de partisans. 

"Ceux qui célèbrent le dictateur Pinochet sont ceux qui commémoreront l'anniversaire de sa naissance. En revanche, ceux qui souhaitent mettre en avant les réformes du régime préfèrent rester discrets, en raison du risque de décrédibiliser ces réformes qui seraient alors associées aux violations des droits de l'homme", détaille M. Navia. 

En juillet 2015, une étude sur "l'image de Pinochet et de la dictature", par les instituts de sondages Mori et Cerc, a révélé que 15% des Chiliens considèrent Augusto Pinochet comme "l'un des meilleurs présidents que le Chili ait connu". 

Et 21% d'entre eux (soit 5 point de plus qu'en 2013) pensent que les militaires avaient raison de s'emparer du pouvoir lors du coup d'Etat du 11 septembre 1973 contre le gouvernement socialiste de Salvador Allende. 


"Cela reste des chiffres élevés", déplore Marta Lagos.  

Le régime d'Augusto Pinochet était tombé après le plébiscite de 1988, le dictateur n'ayant obtenu que 44% des votes.  

Après cette défaite, en mars 1990, Pinochet avait remis le pouvoir au président Patricio Aylwin, incarnation de la transition démocratique.  

L'ancien dictateur était cependant resté à la tête de l'armée chilienne pendant huit ans, avant d'occuper un siège de sénateur jusqu'en 2001. 

Après sa retraite politique il est resté éloigné de la vie publique jusqu'à sa mort d'un infarctus le 10 décembre 2006, peu après l'ouverture d'une nouvelle enquête par la justice chilienne pour d'autres faits de violation des droits de l'homme et détournement de fonds publics. 

Poursuivi et placé en résidence surveillée dans le cadre de cette affaire, il était pourtant mort sans avoir été condamné. 

Lors de ses funérailles, au cours desquelles il avait reçu les honneurs militaires, près de 50.000 personnes étaient présentes.