samedi 21 février 2015

60% DES JEUNES FAVORABLES À LA LOI SUR L’AVORTEMENT

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PHOTO INJUV
Selon une enquête de l’Instituto Nacional de la Juventud (Injuv) qui date de novembre, 60% des jeunes chiliens (entre 15 et 29 ans) sont favorables à une dépénalisation de l’avortement sous certaines conditions, comme le propose cette loi. Cette enquête, conduite en partenariat avec l’Institut de Sociologie de la Universidad Católica, se constitue de 1030 interviews téléphoniques dans 109 communes du pays. Ils seraient plus d’un sur quatre (27 %) à être en faveur d’une dépénalisation totale sans restrictions, et seulement 12% à envisager tout avortement comme une “pratique inacceptable”. Sur les 60 %, plus de 90% sont d’accord avec les trois conditions de Bachelet réunies, et tous s’accordent sur la nécessité d’autoriser l’avortement en cas de viol.

Disposer librement de son corps

A l’image de Javiera, étudiante infirmière de 23 ans, ce résultat montre la volonté de plus d’une majorité des jeunes de redonner aux femmes le droit de disposer librement de leur corps, sans pour autant accepter que cela devienne un prétexte à toutes les folies. « Personnellement, je suis favorable à cette loi car elle nous donne un droit que l’on nous a retiré, à nous les femmes, celui de choisir ce qui est le mieux pour notre corps » nous confie-t-elle. Un droit retiré en 1989 par Pinochet, car l’avortement pour raisons médicales était légal au Chili depuis 1931. Cependant, l’étudiante ajoute qu’en tant qu’infirmière, « je ne souhaite pas assister un médecin pour un avortement qui ne soit pas éthique, par exemple une fille qui ne s’est volontairement pas protégé par plaisir, et qui souhaite avorter uniquement parce qu’elle ne veut pas de l’enfant ».

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Pour Claire et Charline, étudiantes françaises en stage à Santiago, la position de la jeune infirmière n’est pas difficile à comprendre, « on devrait avoir le choix d’assister ou non un avortement si l’on fait partie du staff médical ». Ceci dit, le droit de disposer de son corps ne devrait pas reposer sur seulement trois conditions selon elles, « les femmes doivent avoir le choix, on ne peut pas nier qu’un accident est possible, et autoriser l’avortement comme ultime recours cela ne signifie pas banaliser sa pratique, au contraire, c’est l’encadrer ».

Un projet ambitieux, mais pas suffisant

Cette réforme qui peut paraître a minima, si elle était votée, permettrait au Chili de rejoindre le Venezuela et Cuba comme seuls pays d’Amérique Latine à légaliser l’IVG en cas de danger pour la vie de la mère. Argentine, Brésil, ou encore Mexique n’en sont pas encore là. Au-delà de la dépénalisation de l’avortement, l’enquête de l’Injuv montre qu’une grande majorité des jeunes ne sont pas conscient des risques des maladies sexuellement transmissibles, ne connaissant pas une grande partie d’entre elles, et jugeant que « cela n’arrive qu’aux autres ». On découvre donc que les autorités peinent à proposer une prévention efficace, l’éducation sexuelle étant souvent mise de côté, que ce soit dans les écoles ou dans les familles.