jeudi 11 septembre 2014

LE CHILI EN QUÊTE DE RÉPONSES SUR DE MYSTÉRIEUX ATTENTATS

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
« CONFUSION » THIAGOLOONEY
Anarchistes? Etudiants radicalisés? Groupuscules d'extrême droite? Les spéculations vont bon train dans ce pays encore profondément divisé par le coup d'Etat du 11 septembre 1973 et de la dictature militaire qui a duré 17 ans.

« Jusqu'à aujourd'hui, on ne sait rien officiellement des auteurs de ces actes ni de leurs motivations » indique à l'AFP Claudio Fuentes, directeur de l'École de sciences politiques à l'Université Diego Portales.

La première hypothèse, selon le procureur Raul Guzmán, est celle de l'oeuvre de groupes «anarchistes » antisystème, sans organisation ni hiérarchie qui « utilisent le plus souvent comme explosif de la poudre noire que n'importe qui peut se procurer ».

Compte tenu de la complexité de l'affaire et du manque de moyens des services de renseignement, Guzman a précisé que les autorités chiliennes avaient fait appel à l'aide internationale.


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

« MÉDIAS DE MANIPULATION »

« On attend d'un terrorisme spécialisé et professionnel que ses attaques soient revendiquées immédiatement et associées à une cause. Dans ce cas, cela ne s'est pas produit », relève aussi le sociologue Aldo Mascareño.

- Anniversaire du coup d'Etat -


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

Les spéculations portent notamment sur la commémoration ce jeudi 11 septembre du coup d'Etat qui a renversé le président socialiste Salvador Allende il ya 41 ans.

« Il ne fait aucun doute pour moi que les attentats ont été un prélude à la commémoration du 11 Septembre », estime le sénateur de droite Ivan Moreira, qui accuse les mouvements d'extrême gauche.

A l'occasion de l'anniversaire du coup d'Etat, chaque année, se produisent des manifestations violentes avec barricades et affrontements avec la police dans les quartiers pauvres.

Toutefois ces heurts se produisent généralement de nuit et n'ont jamais pris pour cible les transports publics et la population.

Jaime Quintana, président du Parti pour la démocratie (PPD), membre de la coalition de gauche au pouvoir, n'exclut pas la possibilité que des groupuscules d'extrême droite cherchent à déstabiliser le gouvernement réformiste de la présidente socialiste Michelle Bachelet.

« Il faut envisager l'hypothèse d'une éventuelle réactivation de groupes ou de cellules d'ex-agents de la dictature (1973-1990) », a déclaré M. Quintana à la presse.
[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

« DERRIÈRE LA CAGOULE », DOCUMENTAIRE BÂCLÉ ET TENDANCIEUX  DIFFUSÉ SUR LA UNE CHAÎNE DE TÉLÉVISION LOCALE  CANAL 13,  LE 8 SEPTEMBRE  2014.

Pour ajouter à la confusion, une chaîne de télévision locale a lié l'attentat au mouvement étudiant, une accusation catégoriquement rejetée par la présidente de la Fédération étudiante de l'Université du Chili (FECH), l'anarchiste Melissa Sepulveda.

« Nous condamnons la criminalisation du mouvement étudiant », assure Melissa Sepulveda sur son compte Twitter. Selon Claudio Fuentes, certains « tentent de lier ces phénomènes de violence à des revendications sociales et c'est une erreur. »

Pour le sociologue Aldo Mascareño, « si le silence persiste et les attentats continuent, on ne pourra plus penser qu'il s'agit de groupes peu expérimentés qui en sont au début de leurs actions, mais qu'au contraire leur objectif est précisément de rester cachés pour faire croire à la population que la responsabilité vient d'ailleurs ».

[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]

Pour l'instant, mercredi, deux stations de métro ont été fermées temporairement suite à des fausses alertes à la bombe.

« Nous risquons d'entrer dans une logique paranoïaque qui fera craindre que chaque paquet représente une menace et le public doit être éduqué sur ce point », a déclaré Fuentes.

L'attentat de lundi, le plus grave au Chili depuis le retour à la démocratie, fait suite à quelques 200 autres explosions de bombes artisanales au cours des cinq dernières années, notamment contre des guichets automatiques, des banques, des ambassades ou des restaurants, mais qui jusqu'à présent n'avaient causé que des dégâts matériels et des blessures légères.