dimanche 20 juillet 2014

PREMIÈRES DIFFICULTÉS DE MISE EN OEUVRE DES RÉFORMES AU CHILI ?

LE MINISTRE DE L'ECONOMIE ALBERTO ARENAS
Aujourd'hui nous nous interrogeons suite à «l'incident » du mercredi 9 juillet concernant la réforme tributaire, soit la signature d'un protocole entre le ministre de l'Economie, Alberto Arenas, et les sénateurs membres de la commission économique, qui s'est traduit par des ajustements de la réforme fiscale, et ce sans en informer quatre partis de la majorité : Parti Radical (PRSD), Mouvement Large Social (MAS), Gauche Citoyenne (IC) et Parti communiste (PCCh) (3).


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 LES DÉPUTÉES CAMILA VALLEJO Y KAROL CARIOLA


Cet accord, qui nous paraît inadmissible (dans sa méthode, bien sûr, mais aussi dans la parole non tenue), fait malheureusement penser à un retour à la politique des consensus conduite par les gouvernements de l'ex Concertation et vivement critiquée en son temps.

Les premières réactions à l'annonce de cette signature sont venues de représentants des formations politiques de la Nouvelle Majorité absentes de l'accord (4). Les deux jeunes députées communistes ont rejeté la politique de consensus pratiquée par l'ancienne Concertation (5). La réunion des responsables politiques des partis de la coalition au gouvernement avec le ministre de l'Economie le lundi 15 juillet a dissipé les doutes, car il a soutenu que le coeur du projet n'était pas dénaturé. G. Teillier, président du PCCh, a alors indiqué que les communistes allaient étudier le rapport et décideraient ensuite de la conduite à tenir à la chambre (6).

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DANS LE COMITÉ POLITIQUE DE LA NOUVELLE MAJORITÉ : GUILLERMO TEILLIER ET ALEJANDRO  NAVARRO ONT EXPRIMENT LEUR MÉCONTENTEMENT QUANT À LA FAÇON DONT L’ACCORD DE RÉFORME FISCALE FUT EFFECTUÉ


L'opposition ne s'est pas privée de saisir l'occasion pour déclarer que l'accord constituait le premier échec du gouvernement (7).

Nous espérons que les députés PC/IC, qui ne voient pour l'instant qu'une faiblesse dans la forme, ont raison et qu'il ne s'agit pas d'une trahison.

Affaire à suivre, donc …

Par ailleurs, nous nous sommes réjouis des réactions des députés ex-dirigeants étudiants de la « bancada juvenil » (8). Ils ont fait part au ministre de l'Education de leur préoccupation : ils ne veulent pas que le projet de réforme de l'éducation subisse une quelconque « distorsion » provoquée par la pression ou des négociations avec des secteurs de droite. Ils ont prévenu qu'ils n'étaient pas disposés à participer à l'élaboration d'une réforme qui « ne réponde pas aux intérêts des Chiliens ».


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BÁRBARA FIGUEROA. PHOTO RODRIGO CHODIL 


De même, Barbara Figueroa, présidente de la Centrale Unitaire des Travailleurs (CUT), rejette les formes sous lesquelles cet accord a été signé et espère que de telles pratiques ne se reproduiront pas au moment du débat sur les lois relatives aux réformes de l'éducation et du code du travail (9).


Ayant considéré que la Nouvelle Majorité était différente de l'ancienne Concertation, non seulement du fait de ses composantes, mais aussi par l'existence d'un réel programme de changement, après ce « clignotant rouge », nous resterons attentifs à tout ce qui se passe au Chili, et plus particulièrement à l'évolution des dossiers ci-dessus mentionnés. Et notre vigilance restera entière quant à une réforme que nous considérons comme fondamentale : celle des institutions. D'autant plus que les secteurs de droite de la Nouvelle Majorité n'ont pas raté l'occasion d'avancer, par la bouche du sénateur Zaldivar, quelques notions sur la future réforme constitutionnelle, affirmant que seul le Congrès avait le pouvoir constituant (10).

De toute évidence la lutte pour faire aboutir les réformes doit vaincre des résistances y compris à l'intérieur de la coalition gouvernementale.

N. Briatte et J.C. Cartagena