samedi 15 février 2014

VENEZUELA: PARTISANS DU POUVOIR ET OPPOSANTS DE NOUVEAU DANS LA RUE

PLUSIEURS MILLIERS POUR UN RASSEMBLEMENT 
« POUR LA PAIX ET CONTRE LE FASCISME »

Vêtus de blanc pour la plupart et munis de nombreux drapeaux vénézuéliens, quelque 3.000 militants pro-opposition, dont une majorité d’étudiants, étaient rassemblés à la mi-journée sur une place de l’est de Caracas et alentour, ont constaté des journalistes de l’AFP.

 Ces mobilisations de l’opposition s’inscrivent dans le cadre du mouvement de protestation anti-gouvernemental lancé il y a 12 jours en province par des étudiants qui s’insurgent contre la vie chère, l’insécurité et les pénuries dans ce pays pétrolier, qui dispose des plus importantes réserves de la planète.

Mercredi, la capitale avait été le théâtre de la plus importante mobilisation contre le président Nicolas Maduro depuis son élection en avril 2013. De violentes échauffourées survenues en marge de la marche ont fait trois morts, tués par balles, et plus de 60 blessés.

«Avant nous ne sortions pas dans la rue à cause de l’insécurité, et maintenant que nous manifestons ils nous tuent. Nous les jeunes n’avons plus ni foi ni espoir, nous ne pouvons pas avoir de travail et si nous en avons un, on ne nous donne pas de quoi avoir une vie décente», a déclaré samedi à l’AFP Issac Castillo, étudiant de 27 ans à l’Université Andres Bello.

Dans le centre-ville, plusieurs milliers des partisans du gouvernement socialiste ont également répondu à l’appel lancé jeudi soir par le président pour un rassemblement «pour la paix et contre le fascisme», terme habituellement utilisé par les autorités pour désigner les opposants. Ces derniers sont accusés par les autorités de fomenter les violences pour tenter de provoquer «un coup d’Etat».

Arborant des vêtements et drapeaux de la couleur rouge du parti au pouvoir et des pancartes à l’effigie du libérateur Simon Bolivar et de l’ex-président Hugo Chavez (1999-2013), les militants pro-Maduro se sont rassemblés en divers points du centre de la capitale, malgré une chaleur accablante.

Les deux camps ont également prévu de manifester dans plusieurs autres villes du pays.

- Maduro tente une reprise en main -

Vendredi soir, le président vénézuélien a tenté de reprendre la main sur le terrain politique en annonçant un plan destiné à lutter contre la violence endémique dans ce pays où le taux d’homicide est l’un des plus élevés du monde. Ce plan prévoit notamment de renforcer les patrouilles de police et le désarmement de la population dans un pays où les armes abondent.

Plus tôt dans la journée, quelques centaines de jeunes avaient encore manifesté à Caracas. Ces rassemblements ont été émaillés de coups de feu isolés et d’affrontements sporadiques avec les forces de l’ordre.

Depuis quelques semaines, le gouvernement fait face à une grogne croissante d’une partie de la population dans un contexte de forte inflation (56,3% en 2013), de pénuries récurrentes frappant les denrées alimentaires ou les produits de consommation courante et d’une insécurité que les autorités ne parviennent pas à juguler.

Le mode de protestation étudiant, décidé à obtenir le départ de M. Maduro, bénéficie du soutien de plusieurs opposants mais ne fait pas l’unanimité au sein de la Table de l’unité démocratique (MUD), la principale coalition de l’opposition vénézuélienne. Son leader Henrique Capriles a lui-même estimé jeudi que «les conditions ne sont pas réunies pour forcer le départ du gouvernement».

La plupart des chaînes de télévision vénézuéliennes se sont abstenues ces derniers jours de diffuser les images de ces incidents, craignant visiblement les avertissements du Conseil national des Télécommunications, qui a menacé de sanctions les médias qui feraient «la promotion de la violence».

Jeudi soir, M. Maduro a accusé de «manipulations» certains médias étrangers et annoncé la suspension de la diffusion de la chaîne de télévision colombienne d’informations NTN24.

AFP