vendredi 14 février 2014

VENEZUELA : L'OPPOSITION FACTIEUSE POURSUIT SA CONTESTATION DANS LA RUE

LES VOITURES DE LA POLICE SCIENTIFIQUE VÉNÉZUÉLIENNE INCENDIÉES LORS DE MANIFESTATIONS ANTI-GOUVERNEMENT, LE 12 FÉVRIER 2014, À CARACAS. PHOTO LÉO RAMIREZ. AFP



Une politique de fermeté qui sera interprétée comme un coup de force anti-démocratique par l’opposition et les médias qui la soutiennent mais qui répond à la demande d’une frange de l’opinion publique, lasse de l’indulgence dont jouissent les auteurs de ces violences politiques qui entretiennent un climat d’instabilité depuis la victoire du socialiste Nicolas Maduro, en avril 2013. Pour rappel, à l’issue de cette élection, l’opposition de droite avait, une nouvelle fois, refusé de reconnaître son échec, appelant à descendre dans les rues pour contester les résultats. Des édifices publics, symboles du chavisme, dont notamment les dispensaires de santé gratuits, avaient alors été incendiés. Ces attaques post-électorales s’étaient soldées par la mort de neuf personnes dont au moins sept « chavistes ». Sans émouvoir plus que cela les médias. A croire que les morts, en fonction de leurs origines sociales ou de leurs étiquettes politiques, ne sont pas tous dignes d’être traités à égalité dans les médias.

Les violences dans la capitale ont fait trois morts.

Officiellement, la marche de mercredi avait pour objectif de protester contre la criminalité, la cherté de la vie et les pénuries. Des éléments du cortège ont fait feu sur plusieurs ministères, tandis que des groupes dits « chavistes » se seraient violemment interposés. Comment les événements se sont-ils enchaînés ? A l’heure où ces lignes étaient écrites, il était difficile, dans la confusion, de discerner la part des faits et celle des interprétations. 

Une chose est sûre, le nouveau cycle de tensions, qui s’est ouvert au lendemain de l’élection présidentielle de 2013, se prolonge. Certes, la polarisation politique a été une constante au Venezuela ces quinze dernières années. Mais, depuis le mois d’avril dernier, elle représente un péril pour la stabilité du pays.

Des pénuries recurrentes orchestrées par le patronat

Sur le plan institutionnel, l’opposition, défaite une nouvelle fois dans les urnes lors des municipales de décembre, poursuit son travail de sape. Il semble que les secteurs les plus droitiers de la coalition de droite ont pris le dessus. Sur le plan économique, le pays est le théâtre de pénuries récurrentes. On le sait, elles sont orchestrées par le patronat qui détient des secteurs clés de la production et de la distribution. Elles sont aussi le fruit de réelles faiblesses du gouvernement. La nation de Bolivar reste trop dépendante de la rente pétrolière et de ce fait, de ses importations. La bataille que se livrent la droite et la gauche depuis l’accession du défunt président Chavez au pouvoir n’oppose pas des démocrates à des rouges autoritaristes. Elle est l’expression de la lutte des classes à l’œuvre au Venezuela. Et elle ne s’achèvera pas de sitôt. La droite entend poursuivre sa contestation dans la rue. Le gouvernement appelait hier ses partisans à manifester contre la violence de l’opposition.