jeudi 16 janvier 2014

CHILI : LE CONFLIT AVEC LE PÉROU SUSPEND L’AGENDA POLITIQUE

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Autre signe, la classe politique chilienne entière s'est regroupée autour d'un Président en fin de mandat et mal aimé de son peuple. Fort critiqué durant son mandat, délégitimé à l'étranger par le mouvement étudiant de 2011, cette unification autour de Sébastian Piñera surprend. L'un des députés du Parti Pour la Démocratie (PPD), centre-gauche, Jorge Tarud a alarmé les médias nationaux avec des propos forts. Remis au pas par son parti (membre de la Nouvelle Majorité regroupant les partis alliés à la candidature de Michelle Bachelet- PS) , ses paroles jettent le trouble sur les intentions politiques du Chili. La divulgation d'un projet militaire secret, sous le gouvernement Piñera avait déjà, mis en alerte le Pérou et la Bolivie. Le Président chilien estimait dans ces documents confidentiels que le pays devait se "préparer à l'éventualité d'un conflit armé." Publié par un journal péruvien, le document indiquait que " Le Chili pourrait très bien se retrouver enveloppé dans une crise internationale, et n'est pas à l'abri d'un conflit armé. En conséquence, le pays doit pouvoir se reposer sur des moyens de dissuasion adaptés à une situation de légitime défense." Le budget de l'armée chilienne a augmenté depuis le retour de la droite au pouvoir.

Michelle Bachelet, ex-Ministre de la défense, de retour à La Moneda.

Début 2014, le Président actuel du Chili a réuni ses prédécesseurs afin d'avoir un avis commun, au sujet de la décision de La Haye. Il s'est réuni également en tête-à-tête avec la présidente élue, qui prêtera serment le 11 mars 2014. Le dossier péruvien, Michelle Bachelet le connait bien. C'est sous sa première législature que la socialiste entama l'étude du conflit juridique entre le Chili et le Pérou, lancé en 2008. Elle a averti que son gouvernement respecterait la décision juridique de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies.

Le Chili provoque la méfiance de ses voisins péruviens et boliviens.

Historiquement, le Pérou et la Bolivie s'étaient alliés contre le Chili dans la guerre du Pacifique de 1879. De son côté, le Chili avait comme allié l'Argentine. Les conséquences de ce conflit furent que le Chili annexa des zones riches en ressources minières, appartenant aux deux pays. Pour la Bolivie, c'est le département dit du Litoral, un accès à la mer, qui fut confisqué. En 2013, à son tour, le pays attaquait le Chili devant la Cour Internationale de La Haye. A cette époque, le gouvernement de Sébastian Piñera, avait proposé d'installer un port bolivien exempté de taxes sur ce territoire. Le président Bolivien, Evo Morales, jugea que le Chili est "dangereux pour la région."

Le Pérou a utilisé les moyens de communication afin d'écorner l'image internationale du Chili. Dans un article fouillé, le média chilien en ligne, El Mostrador, dévoile des éléments laissant penser que le gouvernement d' Ollanta Humala, malgré ses dires, a favorisé une image écornée de son voisin. L'Agence de Communications Interimages d'Amérique Latine, dont le siège est situé à Miami (USA) a été contacté. A La Haye, représentés par des avocats, les deux pays avaient mis en avant dans les plaidoiries début décembre 2013, leurs arguments. La Bolivie y envoya des experts afin de voir, suivant la décision finale de la Cour, si elle pouvait récupérer des territoires comme le stipule sa Constitution. Bien que l'optimisme règne pour le peuple péruvien, le pessimisme a gagné les rangs chiliens. Les deux s'accusent déjà, de connaitre le verdict du CIJ, prévu fin janvier. Au Chili, le principal perdant économique de ce conflit maritime, serait le groupe de pêche Angelini.

SOURCES :