vendredi 19 juillet 2013

CHILI : MICHELLE BACHELET, LE POUVOIR ET L'IMAGE

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CHILI : MICHELLE BACHELET,  À SANTIAGO DU CHILI, LE 18 JUILLET 2013,   VISITE LE « HOGAR DE CRISTO » ( FOYER DE CHRIST) INSTITUTION CHILIENNE DE BIENFAISANCE PUBLIQUE, CRÉÉE PAR UN PRÊTRE JÉSUITE DÉNOMMÉ, ALBERTO HURTADO LE 19 OCTOBRE 1944

Ce qu'elle dit n'est pas important. Ce qu'elle fait non plus. Seul compte son sourire !» soutient-il. Mais son retour attendu sur la scène politique chilienne soulève des questions sur l'origine d'une telle popularité. Selon certains politologues sud-américains, Michelle Bachelet serait en fait un pur produit du marketing politique. Dans un article intitulé « La sonrisa de Michelle» (« Le sourire de Michelle » , paru dans le journal La Tercera de Chile le 6 février), le spécialiste en philosophie politique Daniel Mansuy critiquait le manque d'arguments de la leader socialiste et se demandait s'il était «convenable qu'une personne garde le silence sur tous et chacun des problèmes qui frappent le Chili » . Mansuy ne mâche pas ses mots : selon lui, Michelle Bachelet a un « lien de confiance » indéniable avec les Chiliens, pourtant cette relation privilégiée n'est pas le couronnement d'une gestion publique responsable et efficace, mais plutôt l'effet de son image. « Le sourire de Michelle est devenu un talisman, un objet de valeur, un fétiche magique. Ce qu'elle dit n'est pas important. Ce qu'elle fait non plus. Seul compte son sourire ! » soutient-il.

Bilan plutôt décourageant

Un politicien charismatique bénéficiant d'une image que rien n'altère ? Rien de nouveau a priori en Amérique du Sud, où les dirigeants sont adulés jusqu'à la caricature. Sauf que nous sommes au Chili, considéré comme le pays le plus démocratique de la région, très loin de la culture populiste de ses voisins. En mars 2010, Bachelet quitte le Palais de la Moneda (l'Élysée chilien, NDLR) avec le soutien de plus de 80 % de la population. Pourtant, le bilan de son gouvernement n'a rien de flamboyant : une croissance de 2,8 % par an, contre 5 % pendant les 20 années précédentes ; un taux de chômage passé de 8,4 % en 2006 à 9 % en 2010 ; un taux de pauvreté à 15,1 % en 2009 contre 13,7 % à son arrivée. Du jamais-vu depuis 1990. Enfin, les débats de société sur le coût des études supérieures universitaires ou encore la situation des indigènes «  mapuches »  , très sensible au Chili, sont restés à l'état de belles promesses. 

Malgré ce bilan plus que mitigé, Michelle Bachelet est la coqueluche des médias occidentaux, et reste le politicien le plus populaire du Chili depuis le retour de la démocratie, en 1990. Les Chiliens voient en elle un leader calme et serein, au style à l'opposé des Lula, Chávez ou Perón qui ont marqué l'histoire de la région. Une personnalité modérée et une attitude politiquement correcte seraient-elles donc les piliers du succès dans l'arène politique chilienne ? En tout cas, tout semble indiquer que ce seront les attributs du prochain président de la République du Chili.