vendredi 16 novembre 2012

VISITE DU PRÉSIDENT DU CHILI SEBASTIAN PIÑERA AU PARLEMENT EUROPÉEN LE 15 NOVEMBRE 2012

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LE MILLIARDAIRE CONSERVATEUR SEBASTIÁN PIÑERA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CHILI À VISITÉ LE PARLEMENT EUROPÉEN, A L’OCCASION DU 10ÈME ANNIVERSAIRE DES ACCORDS COMMERCIAUX DE LIBRE ÉCHANGE (ALE) SIGNÉS EN NOVEMBRE 2002. PHOTO  ALEX IBAÑEZ 

La croissance économique du Chili a un objectif social: éradiquer la pauvreté et les inégalités en matière d’éducation, de santé, …

Il dit avoir mis en place 5 piliers pour y parvenir:

1/ des moyens pour l’éducation;
2/ le développement des technologies et de la recherche scientifique;
3/ favoriser l’activité entrepreneuriale;
4/ l’égalité des citoyens, moins d’injustice et de pauvreté;

ce qui permettra au Chili de devenir un pays développé, pacifique (alors qu’il vient de dire qu’il n’y a pas de problèmes de guerre ou de luttes), … et donc de faire partie du premier monde à l’instar de l’Amérique du Nord ou des pays d’Europe (il répètera plusieurs fois que le Chili est un pays du tiers-monde!!), et comme l’Europe est le deuxième allié économique après la Chine, il introduit le cinquième pilier:

5/ l’intégration économique mondiale.

Le but du gouvernement de Piñera est de créer un marché interne avec la Colombie, le Pérou, et le Mexique; et le plus grand marché du monde avec les pays outre-Pacifique… (pour contrer l’ALBA,  Alliance Bolivarienne pour le peuple des Amériques).

Le commerce international représente 75% du PIB du Chili (exportation de minerais, de bois, … sans aucun respect de l’environnement ou de l‘OIT 169 pourtant ratifiée par le Chili), et le président chilien est venu à Bruxelles spécialement pour demander aux députés européens d’insister, d’agir pour que lors du Conseil des 27 soit décidé d’accélérer la collaboration économique avec l’Amérique Latine, en argumentant que cette dernière étant une ancienne colonie toute entière de l’Espagne et du Portugal, c’est un peu l’Europe…

Au moment de passer aux questions des parlementaires, nous remarquons que la délégation de journalistes chiliens quitte l’hémicycle…

La Députée ALE (Alliance Libre Européenne) et Verts, Ana Miranda (BNG) prend la parole.


Madame Miranda s’inquiète de la situation du peuple originaire Mapuche victime de violence et de répression: une nouvelle grève de la faim de prisonniers vient de commencer ce jour, le siège de l’UNICEF de Santiago a été occupé durant plus d’un mois pour dénoncer le sort des enfants Mapuche… Que fait le gouvernement pour protéger le droit des personnes et en particuliers du peuple originaire Mapuche?

La Députée interrogera également sur la « loi de pêche » et la « loi  Hinzpeter ».

Huit autres député(e)s poseront leurs questions.

Sebastian Piñera reprend la parole pour répandre ses mensonges en guise de réponse aux questions et inquiétudes des parlementaires… en résumé:

En matière économique, des visas et des subventions (jusqu’à 50 000 $) sont attribués à tous les étrangers qui veulent s’investir en matière d’innovation technologique.

Il ose parler de développement durable social en respectant les communautés, et environnemental !

7O% du budget de l’état est consacré aux politiques sociales, la population pauvre est assistée pour qu’elle ait accès à l’éducation afin de s’élever sur l’échelle sociale.

Il affirme que 2 milliards de $ ont été alloués pour un accès à un enseignement de qualité, un accès garanti par des bourses et des prêts pour les plus pauvres!

L’éducation ne peut être gratuite car on ne peut utiliser les ressources de TOUS les Chiliens pour aider une partie de la population…
C’est pourquoi des prêts bancaires à 2% sont proposés; une dette qui est annulée si elle n’est pas remboursée dans les 15 ans…

Quant aux violences contre les femmes, Piñera assure que grâce aux peines très lourdes encourues et appliquées, celles-ci auraient fortement diminué…

En ce qui concerne le peuple originaire Mapuche, le président chilien parle d’un nouveau « traité Mapuche » sans fournir aucune explication; assure que l’OIT 169 est respectée en Araucanie et que les communautés sont protégées: « ces gens étaient là bien avant nous, ils sont l’âme du Chili ».

Certes, ils sont discriminés mais par le simple fait qu’ils sont les plus pauvres du Chili, et qu’ils bénéficient d’ailleurs de la loi anti-discrimination pour les aider à se défendre!

(Nous précisons que le président a été prévenu devant témoins, en l’occurrence nous membres de Fewla, qu’il y auraient des questions sur la répression des Mapuche).

Piñera soutient la nouvelle loi de pêche qui protège la faune et les pêcheurs artisanaux (qui représentent 90 % des travailleurs du secteur) contre la sur-pêche : « pour moi, c’est normal de protéger nos petits pêcheurs! ».

Piñera assure que la loi Hinzpeter est un moyen de garantir le droit à la liberté d’expression, mais une liberté d’expression qui respecte tous les citoyens: «nous n’avons jamais interdit les manifestations d’étudiants! ».

Il terminera en rappelant que la création de UNASUR est le moyen de préserver la démocratie et d’éviter les problèmes rencontrés en Equateur, en Bolivie ou au Paraguay!

Voilà comment Sebastian Piñera a éludé les questions sur le non respect des droits humains, sur la non protection des enfants, sur le non respect de la convention de l’OIT 169, sur la destruction de l’environnement au nom du profit, sur les violences et répressions que subit le peuple originaire Mapuche… sous les applaudissements avides et hypocrites de l’assemblée!

Nous rappelons que ce spectacle fut orchestré par l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), celle-la même qui a invité Hernan Büchi, Chicago boy ancien ministre de l’économie de Pinochet.   

Le président Piñera a également été reçu par le roi Albert II, ainsi que par le Premier Ministre belge, le grand socialiste Elio Di Rupo.