jeudi 19 août 2010

LUIS CORVALAN


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LUIS CORVALAN 
«Don Lucho», comme on l'appelait respectueusement, est une figure emblématique du Parti communiste chilien, qu'il a dirigé de 1959 à 1989.  
LUIS CORVALAN 
Quand Luis Corvalan est mort, le 21 juillet à Santiago, à l'âge de 93 ans, les grands quotidiens chiliens, tous de droite, n'ont consacré que quelques lignes à l'ancien secrétaire général du Parti communiste chilien (PCC). « Ils ont peur d'un homme qui a lutté toute sa vie », a déclaré sa fille, Viviana Corvalan.  

«Don Lucho», comme on l'appelait respectueusement, est une figure emblématique du PCC, qu'il a dirigé de 1959 à 1989. Il a participé, aux côtés du futur président socialiste Salvador Allende, à la création de l'Unité populaire, qui gouverna le pays entre 1970 et 1973. Il fut emprisonné après le coup d'Etat militaire du général Augusto Pinochet. Ami du dirigeant cubain Fidel Castro, du guérillero argentino-cubain Ernesto "Che" Guevara (1928-1967) et du poète communiste chilien Pablo Neruda (1904-1973), il était respecté au sein de la Concertation démocratique, qui a gouverné pendant vingt ans le Chili (1990-2010).

Luis Corvalan publia, en 2003, Le Gouvernement de Salvador Allende, un livre dans lequel il analyse les erreurs commises par l'Unité populaire. Un an plus tôt, il avait publié un ouvrage d'entretien avec Margot Honecker, l'épouse de l'ancien chef de la RDA, Erich Honecker.

Celle-ci était présente lors des funérailles nationales de Corvalan, le 24 juillet à Santiago, aux côtés d'Isabel Allende, la fille de l'ancien président socialiste, et de centaines de Chiliens, qui ont accompagné le cortège funèbre. Le pays a perdu "le dernier dirigeant d'une génération de géants de la lutte politique et sociale du Chili au XXe siècle", a affirmé Guillermo Tellier, président du PCC.

Luis Corvalan était né le 14 septembre 1916 à Puerto Montt, un port du sud du Chili. Dès l'âge de 16 ans, il milite aux Jeunesses communistes. Instituteur de formation, il est élu au comité central du PCC en 1950 et dirige durant dix ans El Siglo, l'organe du parti. Il insuffle une ligne de large rassemblement populaire, qui repose notamment sur une alliance entre socialistes et communistes et un soutien à la candidature de Salvador Allende, qu'il annonçait non sans humour : "Travailleurs de Santiago, peuple de la capitale, chers camarades, voilà la fumée blanche. Il y a un candidat unique. C'est Salvador Allende." Cette politique de rassemblement porta non seulement Allende à la tête de l'État, le 3 novembre 1970, mais également 25 députés et 9 sénateurs communistes au Parlement.

Elu sénateur en 1961, réélu en 1969, il n'achève pas son mandat. Au lendemain du coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973, il est arrêté et incarcéré dans le camp de détention de l'île de Dawson, dans l'extrême sud du pays, avec d'autres dirigeants de la coalition de gauche dirigée par le président Allende, qui s'est donné la mort après le putsch. Il est ensuite transféré dans les centres de torture de Ritoque et Tres Alamos. La junte militaire l'accuse de haute trahison.

Il est toutefois libéré en 1976, après une intense campagne internationale. Il est alors échangé à Zurich, en Suisse, contre l'écrivain et opposant soviétique Vladimir Boukovski, et expulsé vers l'URSS. "C'était un homme d'idées, un stalinien convaincu, un homme bien connu en Russie", a déclaré ce dernier à l'agence RIA Novosti, en apprenant la mort de Luis Corvalan. Incarcéré pendant douze ans par le régime soviétique, Boukovski n'a toutefois jamais eu l'occasion de rencontrer le politicien chilien : "Je ne le connaissais pas, même au moment de l'échange, nous n'avons pas pu nous rencontrer, comme le voulait la partie soviétique."

En exil, aux côtés de son épouse, Lily, Luis Corvalan ne cesse de dénoncer les crimes de Pinochet, les 3 000 morts et disparus, victimes du terrorisme d'État.

De retour au pays, en 1988, l'homme au chapeau mou et au poncho jeté sur les épaules participe à la transition vers la démocratie, rétablie en 1990. Défendant toujours une ligne d'union populaire, il est resté membre du comité central du PCC jusqu'à sa mort.

14 septembre 1916
Naissance à Puerto Montt
1950
Elu au comité central du Parti communiste chilien
1976
Libéré après trois de détention dans les geôles de la junte militaire
1988
Fin de l'exil
21 juillet 2010
Mort à Santiago