samedi 24 juillet 2010

LE CHILIEN LUIS CORVALAN « LUCHO » EST MORT

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LUIS CORVALAN ET HORTENSIA BUSSI, VEUVE DE SALVADOR ALLENDE, LORS D'UNE ACTIVITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC LE CHILI LE 13 09 1977, À L'HÔTEL DU CENTRE DE GROSVENOR À EDIMBOURG, ECOSSE. PHOTO SCOTSMAN PUBLICATIONS LTD
Don Lucho n’est plus. Luis Corvalan est mort, mercredi matin, à son domicile de Santiago, entouré des siens. L’infatigable démocrate avait quatre-vingt-quatorze ans.
Le destin de celui qui fut secrétaire général du Parti communiste chilien (PCC) de 1958 à 1989 restera étroitement lié aux espoirs de progrès balayés en 1973 par le coup d’État puis la dictature du sinistre Pinochet. Mais sans le mettre à genoux. « Le mot d’ordre proclamé par O’Higgins : “vivre avec honneur ou mourir avec gloire” sera notre drapeau », déclare-t-il aux heures les plus sombres.

Luis Corvalan est né en 1916. Dès l’âge de seize ans, il milite aux jeunesses communistes. Élu au comité central du PCC en 1950, il dirigera dix ans durant El Siglo, l’organe de son parti. Sénateur, il participe aux côtés de Salvador Allende, le futur président socialiste, à la création de l’Unité populaire. Réélu en 1969, il n’achèvera jamais son mandat. Arrêté en septembre 1973, il est déporté dans le bagne de l’île de Dawson. Il connaîtra l’horreur du camp de détention de « Ritoque » et les miradors des « Tres alamos ». Prisonnier de la junte fasciste qui l’accuse de « haute trahison », Luis Corvalan sera libéré en 1976 et expulsé vers l’URSS, dans le cadre d’un échange avec l’opposant russe Vladimir Boukovski. Une libération décidée par la majorité de la direction du Parti mais non sans soulever des polémiques à l’époque. En exil, aux côtés de son épouse Lily, Luis Corvalan plaide pour les 3 000 disparus, victimes du terrorisme d’État. Il dénonce ce Chili affamé. Son Chili où les libertés ont été abolies. De retour enfin chez lui, en 1988, l’homme au chapeau mou et au poncho jeté sur les épaules, ne cessera d’œuvrer en faveur de la démocratie.

Le jour de sa mort, l’Église catholique, dont il disait qu’elle est parfois « la voix de ceux qui n’ont pas de voix », a osé proposer de gracier des militaires coupables de violations des droits de l’homme. Elle aurait mieux fait de se taire. Le « camarade Lucho », comme le nomment avec tendresse ses compagnons de toujours, sera inhumé samedi dans la capitale.