jeudi 4 mars 2010

Le Chili fait avancer l'aide aux sinistrés, brève alerte au tsunami


[ Cliquez sur l'image pour l'agrandir ]
Ville de Dichato. Juan Eduardo López

Huit agglomérations totalisant plus d'un million d'habitants, dans le centre-sud du pays, ont passé une nouvelle nuit sous couvre-feu, la quatrième pour Constitucion, deuxième ville chilienne. Des milliers de personnes y ont encore dormi dehors, leurs habitations parmi le demi-million détruites.
Plus de 8.100 tonnes d'aliments et de produits de première nécessité ont été distribuées a déclaré le vice-ministre de l'Intérieur Patricio Rosende lors d'un bilan mercredi soir. Deux cent mille rations alimentaires chaudes ont été livrées.
Quelques 900 tonnes supplémentaires devaient y arriver jeudi par voie aérienne et maritime principalement, en raison de nombreux axes routiers coupés.
Mercredi, deux répliques de magnitude 5,9 et 6 a secoué le littoral, créant un vent de panique dans une chaîne de stations balnéaires du littoral, dévastées samedi par le tsunami qui a suivi le séisme.
Les habitants alertés par sirènes et haut-parleurs, qui se sont mis à courir, pris de panique, pour chercher refuge sur les hauteurs, a constaté l'AFP. L'alerte a été levée après moins d'une demi-heure.
"On a vu des soldats courir, tout le monde courir vers l'extérieur du village. Même les soldats avaient peur", a déclaré à l'AFP Nelson Muna, un volontaire qui distribuait de l'aide.
Dans la capitale Santiago, relativement épargnée par le séisme (38 morts) deux fortes répliques ont été ressenties dans la soirée.
Les autorités, s'appuyant sur 14.000 militaires déployés ces derniers jours, ont repris peu à peu le contrôle de la région sinistrée en proie à une vive tension, et notamment des scènes de pillages spectaculaires à Concepcion.
Le couvre-feux nocturnes ont été maintenus, étendus même au district de Nuble, bien que "l'ordre et la sécurité publique aient récupéré leur normalité", a affirme Patricio Rosende.
Dans les zones isolées au lendemain du séisme, l'aide parvenait aussi, comme à Constitucion, populaire station balnéaire de 60.000 habitants, dont un tiers ont tout perdu dans le raz-de-marée.
"7.000 rations sont arrivées hier, aujourd'hui 14.000 et à partir de jeudi j'espère 20.000 par jour", déclarait Laura Albornoz, une ex-ministre de la Femme qui coordonnait l'aide.
Ailleurs des supermarchés ont ouvert toujours sous surveillance militaire.
Constitucion, Dichato, Pelluhue, Penco, Talcahuano... dans ces stations balnéaires dévastées du littoral, la recherche de centaines de disparus se poursuit avec une odeur de cadavre omniprésente, confirmant que le tsunami de samedi a tué beaucoup plus que le tremblement de terre de magnitude 8,8.
A la morgue de Constitucion, une liste faisait état de 78 morts, un bilan s'alourdissant chaque heure. Un responsable de la municipalité a évoqué au moins 300 disparus dans le secteur.
"On pourrait passer de 600 morts (mardi) dans la région (côtière du Maule) à un millier", a estimé le général Bosco Pesse, commandant militaire de la zone.
Face à ce bilan voué à enfler, l'"erreur de diagnostic" sur le tsunami, admise dès dimanche par les autorités militaires, est redevenu un sujet brûlant entre la présidente Michelle Bachelet, la Marine, et le Bureau national des urgences (Onemi).
La Marine a reconnu avoir transmis, via son Service d'hydrographie et d'Océanographie (SHOA) une information "fort peu claire" à la présidence "pour dire s'il fallait maintenir ou annuler" l'alerte, a reconnu le chef d'état-major de la Marine, Edmundo Gonzalez.
"Il y a eu une information d'un tel niveau d'imprécision et d'ambiguïté qu'elle ne permettait à personne de prendre une décision", a accusé la directrice de l'Onemi, Carmen Fernandez.
"Nous sommes tous des généraux après la bataille", a tempéré Bachelet.
Outre les pertes humaines, Mme Bachelet a dressé un sombre bilan économique, estimant que des pans entiers de l'économie étaient "durement touchés" et que les travaux de reconstruction du pays seraient "gigantesques".
"L'agriculture, le commerce et le tourisme ont été des secteurs durement touchés (...) tout comme les mines, l'industrie et le bâtiment", a-t-elle énuméré.
L'industrie du vin, 5e exportateur mondial, a annoncé que sa production 2009 devrait être amputée de 12,5%, mais sans impact à l'exportation, à la suite du séisme qui affecté une région concentrant 70% des domaines.