mardi 2 mars 2010

L'armée prolonge le couvre-feu dans le sud du Chili

L'aide internationale arrive au compte-goutte sur le territoire chilien depuis mardi matin. Trois jours après le séisme de magnitude 8,8 qui a déjà fait 723 morts selon le bilan officiel, près de 14 000 militaires sont déployés dans le sud du pays avec pour mission de "rétablir l'ordre". Les zones les plus sinistrées, toujours dans l'attente des premières aides, doivent en effet faire face à des situations anarchiques.
Les images de la télévision chilienne rendaient compte, mardi matin, du chaos qui s'était emparé des rues de Concepcion, 76 heures après l'un des séismes les plus puissants jamais enregistrés.
On y voit des jeunes pénétrer dans les centres commerciaux ou des supermarchés endommagés et la distribution s'organiser parmi la population regroupée à l'extérieur. Les bras tendus vers ceux qui leur jettent des paquets de nourriture, ceux que les médias chiliens désignent comme des "lumpen" (délinquants) repartent en courant une fois les mains pleines.
Rondes d'auto-défense

L'omniprésence des patrouilles des forces armées et de police dans les rues de la ville et le déploiement de tanks équipés de lances à eau n'ont pour autant pas empêché pillages et vols dans les habitations sinistrées.
Face à l'aggravation de la situation dans la ville de Concepcion, le général en charge de l'ordre public, Guillermo Ramirez, avait pris la décision de d'étendre le couvre-feu de 20h00 à midi. La mesure restrictive est d'ailleurs prolongée du mardi 18h00 au mercredi midi.
Les villes de Talca, Cauquenes et Constitución, dans la région du Maule, avaient également appliqué le couvre-feu comme mesure préventive pour "éviter des pillages comme ceux observés dans la région voisine du Bio Bio".
Mais dans ces quatre villes, l'interdiction pour les habitants de quitter leur domicile pendant la nuit sous peine d'être arrêté n'a pas vraiment été respectée. Peu de maisons sont en effet encore intactes et beaucoup d'immeubles menacent de s'écrouler.
Dans ce climat de tension sociale et d'angoisse, ce sont de véritables rondes de voisinages qui se sont organisées. Craignant des attaques en bandes de leurs maisons, les habitants de Concepcion barricadaient les rues et s'armaient de fusils, de battes de baseball ou de barres de fer. Les affrontements dans les rues ont déjà fait un mort et au moins deux blessés depuis dimanche.
Si la Présidente Michelle Bachelet se refuse encore à instaurer l'état de siège réclamé par la droite, elle affirmait mardi matin sa fermeté face au chaos qui régnait la nuit précédente dans le sud du pays. La chef d'Etat avertissait par ailleurs que les "criminels allaient être durement punis".
Le rétablissement de l'ordre, devenu priorité numéro 1 du gouvernement, "devra s'imposer par la raison ou par la force" prévenait quant à lui José Antonio Vierra-Gallo, Ministre du secrétariat général de la Présidence. L'état d'urgence décrété dans les régions très fortement touchées du Bio Bio et du Maule "laisse libre choix à l'armée quant aux décisions et aux moyens opportuns".
L'aide internationale parvient peu à peu aux sinistrés

Si les militaires sont rapidement déployés, il en est autrement de l'aide humanitaire. La chef de l'Etat doit à présent répondre aux attaques concernant la lenteur de l'envoi de la nourriture, de l'eau et des biens de première nécessité.
Leur transport est rendu très difficile du fait des dégâts considérables causé par le séisme sur la Route 5 qui traverse le Chili du désert d'Atacama au Nord à la Patagonie du Sud. Ponts scindés en deux et crevasses ralentissent le travail des secours et l'acheminement des provisions.
Le Chili a commencé à recevoir un écho à son appel à l'aide internationale, formulé lundi matin. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton atterrissait mardi à Santiago avec, à son bord, 20 téléphones satellitaires. Une première aide bien maigre mais qui reste indispensable, les télécommunications ayant été très endommagées durant le séisme.
Les annonces de convois d'aide humanitaire ont commencé à parvenir des quatre coins du globe. Lundi, c'était le Président brésilien Lula qui se rendait sur le territoire Chilien. Il avait annoncé à cette occasion l'envoi d'un avion militaire d'aide dès mardi et d'un hôpital de campagne par la suite. Les aides promis par la Chine, l'Australie, le Japon et l'Union Européenne se chiffraient quant à elles en millions de dollars.