jeudi 17 septembre 2009

Les jeunes en marge des élections

Il n’y a pas eu l’enthousiasme escompté. Certains prédisaient une ruée des moins de trente ans vers les bureaux du Service électoral. Une ruée pour s’inscrire sur les registres et pouvoir ainsi voter en faveur du phénomène de la campagne : Marco Enriquez-Ominami, le candidat indépendant trentenaire qui parle aussi bien d’homosexualité que de pilule du lendemain dans un des pays les plus conservateurs d’Amérique latine. Lui qui parvient à s’imposer dans les sondages en troisième position avec 17 % des intentions de vote, sans aucune grande coalition ou grand parti derrière lui.

Ses deux adversaires, vieux routiers de la politique chilienne et favoris dans les sondages - l’ex-président Eduardo Frei (27 %), représentant de la coalition au pouvoir, la Concertacion, et Sebastian Piñera (37 %), le candidat unique de la droite en tête des sondages – avaient même tenté de courcircuiter cette relation privilégiée avec la jeunesse. Le premier en nommant un chef de campagne de… 27 ans, le second en lançant dans tout le pays une campagne d’appel au vote des jeunes. Le gouvernement avait lancé, quant à lui, une campagne publicitaire, intitulée « Yo tengo el poder, Yo voto » (J’ai du pouvoir, je vote) avec des stars du petit écran.

Deux cent mille Chiliens sont finalement allés s’inscrire au Service électoral qui a fermé ses portes le 13 septembre. Beaucoup de jeunes attirés par le vote MEO (pour Marco Enriquez-Ominami), comme ils l’appellent pour faire plus court. Comme Pedro, 24 ans, qui s’est inscrit pour la première fois « parce qu’(il) trouve Marco Enriquez-Ominami beaucoup plus proche de ses idées ». Même si la plupart savent qu’il a peu de chances de gagner. « Au moins j’aurais dit ce que je pense », lance Roxana, 29 ans.

Pas d'inscription en masse

Les filles et les garçons font la queue séparément et de fait, votent dans des bureaux différents.(Photo : Claire Martin/RFI)

Les filles et les garçons font la queue séparément et de fait, votent dans des bureaux différents.
(Photo : Claire Martin/RFI)

Cependant, ce chiffre n’est pas synonyme de « ruée ». Il est en baisse par rapport à 2005. Soixante mille Chiliens de plus s’étaient alors inscrits pour la présidentielle qui opposait l’actuelle présidente Michelle Bachelet à Sebastian Piñera. La seule année depuis la fin de la dictature en 1990 qui avait vu changer la désertion pour l’inscription aux élections. Un Chilien sur quatre n’est en effet pas inscrit sur les registres électoraux, principalement de moins de trente ans. Car l’inscription, au Chili, n’est pas automatique. En revanche, une fois inscrit, le vote est obligatoire, sous peine d’amende. Un système hérité de la dictature d’Augusto Pinochet qui s’applique pour la dernière fois.

En mars, le gouvernement de Bachelet a réussi à obtenir du Congrès la modification de ce système désuet. Il reste trois mois avant l’élection présidentielle et les candidats sont très proches dans les sondages. « 3,4 % d’augmentation du nombre de votants, ça peut devenir un chiffre important dans n’importe quelle élection au coude à coude », comme le souligne le directeur du Service électoral, Juan Ignacio Garcia. Mais d’ici au 13 décembre, maintenant que la campagne est officiellement lancée, les écarts peuvent se créer.

RFI Claire Martin, correspondante à Santiago du Chili.