jeudi 16 juillet 2009

Michelle Bachelet octroie un bonus aux femmes

«Maman, tu l’as bien mérité.» Ce slogan accompagne les spots télévisés promouvant le récent programme gouvernemental Bono pro hijo, «un bonus pour chaque enfant», au Chili. Sur l’écran, un garçon offre à sa mère un bracelet de papier pour la remercier de l’avoir élevé.
Un symbole, mais pour la présidente socialiste Michelle Bachelet, il ne fallait rien de moins qu’une compensation financière pour récompenser dignement les mères de famille. En charge du projet, le secrétaire d’État à la sécurité sociale Claudio Reyes entend reconnaître « l’énorme apport des femmes au pays et spécialement le travail des mères chiliennes ».

Depuis le 1er juillet, chaque femme reçoit une somme d’environ 300 000 pesos (370 €) à chaque naissance d’un enfant, ou lorsqu’elle procède à une adoption. Ce bonus reste bloqué sur un compte jusqu’à ce que la mère de famille atteigne 65 ans, âge auquel l’argent peut être ajouté à son capital de retraite. Après 35 ans, en comptant les intérêts, une mère de deux enfants pourra ainsi bénéficier d’un total approchant les 5 000 €.

Dès 1981, le Chili avait adopté la retraite par capitalisation, un système dans lequel chacun se constitue une épargne de prévoyance au fil de sa carrière. L’argent est confié à des entreprises privées, les Administrations de fonds de pension (AFP) dont la gestion est régulièrement critiquée.
Ceval de bataille de la présidente Michelle Bachelet

Promesse de campagne, la réforme du système de retraites est un cheval de bataille de la présidente Michelle Bachelet. Depuis son élection en 2006, elle a mis en place un « système de solidarité », par répartition, pour remplacer l’ancienne allocation vieillesse. Objectif : donner une retraite décente à un maximum de Chiliens.

Comparé au « système de solidarité », le bonus parental ne coûte pas très cher au gouvernement : la première année, 13 000 femmes pourraient en bénéficier, ce qui représente une dépense inférieure à 10 millions d’euros. Dans une chronique parue sur le site chilien Estrategia Online , l’économiste Hector Valencia relativise l’impact de cette mesure, tout en s’interrogeant sur ses conséquences : « Cela incitera les femmes à prendre leur retraite plus tard », estime-t-il. Au Chili, les femmes peuvent partir à la retraite dès 60 ans, contre 65 ans pour les hommes.

Autre inquiétude, la gestion effective de l’argent par les AFP. Pour Maruja Parra, de la Fédération des associations chiliennes, basée en France, les bénéfices potentiels du bonus parental dépendent comme l’ensemble des retraites des organismes privés de gestion : « Pendant la crise, les gens ont parfois perdu la moitié de leur retraite, investie en actions. Il faudrait s’assurer que l’aide aille effectivement aux mères de familles. »

Charles MONTMASSON