vendredi 13 mars 2009

Chili : tempête après l'élection d'un proche de Pinochet à la tête du Sénat

Jovino Novoa, un collaborateur du général Pinochet pendant le régime militaire (1973-1990), a été élu mercredi à la présidence du Sénat par l'opposition de droite, avec l'appoint d'un groupe de sénateurs indépendants.

Sa désignation a suscité la colère des parlementaires de gauche, qui ont aussitôt quitté l'hémicycle en guise de protestation, ainsi que des associations de droits de l'homme.

«Toutes les atrocités commises contre le peuple du Chili ont été avalisées par Jovino Novoa, y compris les disparitions et les exécutions. Il n'a donc aucune autorité morale pour ce poste», s'est émue l'Association des détenus et disparus, dans un communiqué.

Mis en cause dans plusieurs affaires de violation des droits de l'homme, le général Pinochet, dont le régime est considéré comme responsable de la mort ou la disparition de plus de 3.000 personnes, est décédé, en décembre 2006, à l'âge de 91 ans, sans avoir jamais été condamné.

La présidente socialiste Michelle Bachelet, dont le père a été assassiné et qui a été elle-même torturée pendant la dictature, a préféré ne pas jeter de l'huile sur le feu, constatant que l'élection résultait du jeu démocratique.

«Je m'entendrai bien, comme il se doit, avec n'importe quel président du Sénat ou de la Chambre des députés élus par les parlementaires», a-t-elle assuré.

Le nouveau président du Sénat, second personnage de l'Etat, occupa le poste de sous-secrétaire général du gouvernement de Pinochet entre 1979 et 1982, chargé notamment du Département des organisations civiles, dont plusieurs agents ont été poursuivis pour assassinat politique.

Jovino Novoa, qui n'a lui-même n'a jamais fait l'objet de poursuites judiciaires, avait créé en 1988 l'Union démocratique indépendante, un parti ultraconservateur destiné à défendre l'héritage politique du général Pinochet.