vendredi 23 janvier 2009

Le cuivre s'effondre, les mines du Chili licencient 12.000 personnes

Source Photo
Des pneus, de 3,80 mètres de diamètre
La chute des prix internationaux du cuivre est une catastrophe économique et sociale pour le Chili, premier producteur mondial de métal rouge.

12.000 personnes se trouvent aujourd'hui sans travail, a annoncé jeudi la Société nationale des mines (Sonami) en précisant que le chômage touchait particulièrement les moyennes et petites mines dont 31% ont cessé leurs activités.

Ces mineurs, connus sous le nom de "mineurs hirondelles", travaillent dans de petites exploitations de 10 à 50 personnes qui ont commencé à fonctionner en 2003, lorsque le prix du cuivre a augmenté.
Les cours ont chuté des deux tiers en quelques semaines

Avec un coût de production estimé à 2,2 dollars par livre, ces entreprises n'ont pu continuer quand le prix du métal rouge est tombé en quelques semaines de 4,03 dollars la livre à environ 1,4 dollar, son prix le plus faible depuis quatre ans.

La situation est particulièrement critique dans les villages du nord du Chili, qui vivent exclusivement grâce à l'exploitation du cuivre.

A El Salado, une ville à 800 kms au nord de Santiago, les mineurs, qui représentent la moitié du millier d'habitants, se trouveront sans travail à la fin du mois à cause de la fermeture de petits gisements maintenant non rentables.

Les grandes mines sont aussi touchées par la crise et Sonami estime que les exportations de produits miniers s'élèveront à 21,5 milliards de dollars en 2009, soit la moitié de l'année précédente.

"La crise a frappé fortement le secteur minier, quelle que soit la taille des entreprises", note le président de Sonami, Alfredo Ovalle.

Les grandes mines ont licencié jusqu'à aujourd'hui 3.000 ouvriers, dont 2.000 appartiennent au géant mondial australo-britannique BHP Billiton, qui a diminué les effectifs de ses mines de Escondida, Spencer et Cerro Colorado.

Aux licenciements de BHP Billiton s'ajoute la réduction de personnel de 475 personnes dans les mines de Quebrada Blanca et Carmen de Andacollo et 122 personnes dans les mines du groupe chilien Luksic.

Selon les spécialistes, les licenciements devraient se poursuivre, ce qui préoccupe les autorités locales.

"Nous sommes inquiets, mais cela ne peut nous surprendre. Nous savons très bien que le secteur des mines en général et toute l'activité économique mondiale sont touchés par une crise financière de grande envergure", constate le ministre des Mines, Santiago Gonzalez.

Au début de janvier la présidente chilienne Michelle Bachelet a annoncé un plan de redressement de 4 milliards de dollars provenant des excédents fiscaux accumulés quand le cours du cuivre était au plus haut. Cette réserve est évaluée à quasi 40 milliards de dollars.

Ce plan comprend aussi une injection de un milliard de dollars pour financer les projets d'investissements de la compagnie d'Etat Codelco, le plus grand producteur mondial de cuivre.

"Je crois que cela (les licenciements) n'est qu'un début", remarque Gustavo Lagos, le directeur du centre minier de l'Université catholique.

"Si la crise s'aggrave, le chômage du secteur pourra éventuellement augmenter", estime avec prudence le président de Sonami.

Les licenciements ont alerté les syndicats qui annoncent des manifestations au cas ou il y aurait d'autres annonces. "On ne va pas attendre que le bourreau abaisse sa hache", lance Pedro Marin, le président de la fédération minière regroupant 8.000 travailleurs de grandes exploitations.

Avec une production annuelle de 5,6 millions de tonnes, le Chili approvisionne presque un tiers des marchés.